De fait, la région possède de nombreux sanctuaires shintoïstes comme celui de Hodosan, mais le plus connu est sans doute le Chichibu-jinja, qui existe depuis au moins le IXe siècle. Les fins connaisseurs de l’architecture japonaise y trouveraient quelques ressemblances avec le fameux sanctuaire de Nikkô, surtout au niveau des couleurs vives de la façade et des sculptures d’animaux qui l’ornent. Ce n’est pas un hasard puisque Hidari Jingorô, sculpteur légendaire du XVIIe siècle et auteur des fameux trois chats du sanctuaire de Nikkô, a laissé aussi quelques œuvres à Chichibu.
Ce lieu saint est notamment connu pour son festival nocturne qui se tient chaque année les 2 et 3 décembre, le Chichibu Yomatsuri. Un événement spécial pour les locaux qui patientent depuis des mois. “C’est pour ce jour qu’on vit”, plaisante-t-on ainsi dans la région. En ce jour exceptionnel, la ville de Chichibu déborde de stands de nourriture et de touristes venant de partout, parmi lesquels des hommes en habit traditionnel qui traînent six immenses chars, hauts d’une dizaine de mètres et pesant quelques tonnes. Apogée de cette grande fête, pas moins de 7 000 feux d’artifice éclairent la foule et les chars au moment où ces derniers arrivent devant l’hôtel de ville. Ce festival, qui a attiré presque 400 000 touristes en 2016, a été inscrit la même année sur la liste du Patrimoine immatériel de l’Unesco.
Pour mieux faire valoir les richesses de la région, la compagnie ferroviaire locale Seibu Tetsudô a lancé en 2016 le train de luxe baptisé “52 sièges de bonheur” et aménagé par le célèbre architecte Kuma Kengo, entre la gare d’Ikebukuro dans le nord de Tôkyô à celle de Chichibu. Dans le wagon-restaurant, les cuisiniers renommés de la région préparent des plats de qualité avec des produits locaux. Fidèles à la tradition culinaire du pays, les chefs changent à quatre reprises le menu au fil des saisons. La compagnie ferroviaire, devenue centenaire en 2015, a pris soin de décorer l’intérieur des wagons avec de l’artisanat local – les abat-jour en washi, le plafond en bois, et les rideaux en soie séparant des wagons -, sans oublier d’installer une réplique d’un char du festival Chichibu Yomatsuri, grand symbole régional.
Comme il s’agit du seul train du genre disponible depuis le centre-ville de Tôkyô, la réservation peut s’avérer difficile, mais vous pouvez tout de même tenter votre chance en visitant le site de Seibu Tetsudô, disponible également en anglais (www.seiburailway.jp/railways/seibu52-shifuku/common/img/home/howto_eng.pdf). Le tarif est de 10 000 yens (75 euros) pour le train du midi et 15 000 yens (110 euros) pour celui du soir.
Depuis le lancement, le train séduit non seulement des passionnés de voyage, mais aussi des amateurs de boissons alcoolisées. Chose compréhensible quand on regarde la carte, sur laquelle figurent entre autres sakes, vins, whisky, et d’autres produits de la région de Chichibu. Ce qui provoque littéralement l’enivrement des passagers, c’est surtout le whisky de la marque Venture Whisky, une start-up locale créée en 2007. “Le climat propre à Chichibu, là où il fait très chaud en été et très froid en hiver, accélère le processus de maturation”, raconte Tabata Sôma, un des quinze employés de la distillerie qui évoque aussi la qualité de l’eau de la région, essentielle pour la production de ce breuvage quasi divin.