En plus des produits du terroir, chacune des localités situées le long de la route proposait également sa gamme de souvenirs en tous genres, un savoir-faire artisanal original. Hakone Hachiri a ainsi développé au fil des siècles sa propre culture locale, aujourd’hui farouchement conservée comme témoignage précieux de cette vie trépidante d’autrefois. Yamamoto Satoshi représente la treizième génération de la maison de thé Amasake-chaya, implantée à deux pas du point de contrôle de Hakone. Là, on vient se réchauffer autour de l’irori, foyer à l’ancienne, présent depuis plus de 400 ans. En effet, la maison de thé a ouvert ses portes au tout début de l’ère Edo, soit vers 1600. “Si ma famille a pu continuer à maintenir ce lieu si longtemps, c’est grâce à la fidélité des voyageurs, explique ce père de trois enfants. Avant de reprendre l’affaire familiale l’année de ses 30 ans, il travaillait dans un restaurant de cuisine japonaise traditionnelle à Kyôto. Sans l’ombre d’un doute, il savait qu’il “reprendrait un jour ou l’autre la maison de thé de la famille”.
Avec l’avènement des routes modernes durant la restauration de Meiji, la petite maison de thé a traversé des périodes difficiles où il fallait survivre avec “le passage d’un seul client tous les dix jours”. Amasake-chaya est la dernière maison de thé du secteur à avoir réussi à surmonter les difficultés et les années grâce à la persévérance de cette famille, qui a proposé sans relâche sa boisson-phare : un amazake maison, une boisson sucrée à base de riz fermenté non-alcoolisée, réalisée selon un mode de fabrication ancien, ainsi qu’un chikara mochi, une pâte de riz gluante grillée au feu de bois. “Nous avons été encouragés jusqu’à aujourd’hui. Rares sont les clients qui viennent ici par hasard, ils connaissent le poids historique de notre maison. Beaucoup de personnes s’intéressent encore à l’histoire de la route du Tôkaidô et continuent de venir marcher ici pour s’imprégner de l’ambiance.” Après une longue marche, “on a envie de manger quelque chose de sucré. Pour moi, le mot d’ordre est de ne pas trahir la confiance de nos clients en leur offrant la meilleure boisson que l’on puisse réaliser.” Pour cela, Yamamoto Satoshi se lève chaque jour à l’aube pour préparer ses boissons et ouvre la maison de thé, sans relâche, dès 6 h du matin.