En tant que présidente de l’association Sahara-Eliki*, j'ai eu l’occasion d’accueillir à plusieurs reprises des Touaregs au Japon. Les réactions étaient toujours extraordinaires, à la mesure des milliers de kilomètres qui séparent le Sahara de l’archipel nippon. Je me souviens d’une troupe de musiciens du sud algérien qui n'avait jamais voyagé en avion. Ils avaient transité par l’Europe et traversé la Sibérie. Epuisés, ils étaient arrivés à l’aéroport de Narita dans leur boubou bazin, les hommes enturbannés dans des chechs de 10 mètres, les femmes drapées de cotonnades dans une chaleur estivale de 35 degrés avec 90 % d'humidité. Lorsque je leur avais demandé si le vol s’était bien passé, Mohamed, un forgeron de Tamanrasset, s’était écrié : “J'ai passé tout le vol le visage collé au hublot ! J'avais peur que le pilote se perde”. Il était “guidé” par un inconnu, une chose impensable dans le désert ! Les Japonais qui partaient dans le désert étaient pour leur part obsédés par les toilettes. C'était une question primordiale à leurs yeux, ils ne pouvaient pas imaginer un environnement sans toilettes car dans leur pays, même en pleine montagne, on trouve des...