Auteur du formidable Voleur d’estampes, Camille Moulin-Dupré donne une seconde vie au japonisme.
Bien qu’il s’inspire d’un art ancien, Camille Moulin-Dupré, auteur remarqué du Voleur d’estampes (Glénat), est un dessinateur moderne qui utilise les dernières technologies pour réaliser ses dessins. Sorti en 2016, son manga plébiscité pour sa qualité est un exercice de collage réalisé à partir de l’incroyable richesse des estampes japonaises. Il incarne ainsi, à sa manière, la nouvelle génération d’artistes qui pourrait se réclamer d’un japonisme renouvelé du moins sur le plan technique. Camille Moulin-Dupré a bien voulu composer pour Zoom Japon une illustration originale représentative de ce courant sur lequel l’année 2018 se penche à l’occasion du 160e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon. Cette image est, selon son auteur, “un hommage au quartier de la rue Sainte-Anne, aux mangaka Takahashi Rumiko et Matsumoto Taiyou ainsi qu’aux peintres Harunobu et Hokusai”. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.
Vous êtes, à mes yeux, le plus japonisant des artistes du XXIe siècle. Votre magnifique manga Le Voleur d’estampes me semble être un hommage aux maîtres de l’estampe japonaise. A quand remonte votre intérêt pour le Japon ?
Camille Moulin-Dupré : Je suis né dans les années 1980 et comme les autres membres de ma génération, j’ai découvert l’animation japonaise à la télévision. Mon père est allé au Japon quand j’étais enfant et j’ai grandi dans un salon avec des estampes accrochées à des murs tapissés de papiers japonais. Vers 12 ans, j’ai découvert le quartier japonais de la rue Saint-Anne et je me rappelle de la première fois où j’ai acheté un exemplaire du manga Ranma ½ de Takahashi Rumiko à la librairie Junku. Étudiant aux Beaux-Arts, j’allais à la bibliothèque de la Maison de la culture du Japon à Paris et je me suis mis à dessiner des estampes japonaises sur un carnet de croquis. Parce que je trouvais ça beau. Mais je savais qu’un jour il faudrait que j’en fasse quelque chose.