Des lycées de la région ont lancé un projet grâce auquel ils défendent avec succès les produits locaux.
La région d’Ishinomaki est privilégiée. Elle dispose d’une grande richesse avec ses produits de la mer et ses ressources agricoles. Elle est aussi dotée d’une réelle capacité technologique comme l’illustre, d’une façon exceptionnelle, l’ensemble de ses lycées agricoles, maritimes, commerciaux et technologiques. “Le projet collaboratif des lycées d’Ishinomaki” est un mouvement qui s’est manifesté en 2013 pour regrouper l’ensemble de ces énergies.
Trente élèves venant du lycée Ishinomaki-kita, du lycée maritime de Miyagi, du lycée commercial d’Ishinomaki, du lycée commercial féminin d’Ishinomaki et du lycée technologique d’Ishinomaki se sont lancés dans le développement de produits typiques de la ville avec le soutien d’entreprises locales. Dans le cadre de la formation des ressources humaines dirigée par le comité éducatif de la préfecture de Miyagi, l’objectif de l’opération consistait en l’épanouissement des ressources humaines afin de résoudre les problèmes locaux, tout en s’assurant que les lycéens participent à l’élaboration des produits. Il est courant au Japon que des lycées développent de nouveaux produits, mais réunir plusieurs lycées dans le même but est un phénomène unique. Si en 2013, le projet de pizza a été abandonné pour des raisons de coût, en 2014, le thème choisi se résumait à la phrase suivante : “Se concentrer sur tout ce que produit Ishinomaki”. Il s’agissait d’augmenter la consommation de riz tout en promouvant les produits de la mer. L’idée s’est alors imposée autour de la farine de riz, de la pulpe de soja, de la baleine et des crustacés.
Lycée Ishinomaki-kita
“Nous les artisans de farine de riz”
“A quelle température doit s’effectuer le pétrissage ?”. Il ne s’agit pas là d’une question entendue lors d’une réunion en entreprise mais bien de celle que se posaient les sept élèves du lycée d’Ishinomaki-kita. Pendant le cours, ils ont décidé d’utiliser une farine obtenue à partir de riz récolté afin de fabriquer des galettes et du pain. Les galettes devant avoir aussi un goût d’algue et de petites crevettes. Se basant sur les réactions des années précédentes et en tenant compte également du coût de fabrication, du goût, de la texture et du croquant, ils n’ont eu cesse de proposer des séances de tests de dégustation dans les autres lycées et d’échanger leurs avis. Ce pain à base de farine de riz est désormais en vente dans les écoles et sa qualité est digne des meilleurs professionnels. Après avoir établi des échanges avec le directeur d’une pâtisserie qui leur a apporté son soutien, la commercialisation d’un pain à base de pulpe de soja est désormais envisagée. Pour Narusawa Akane (17 ans), responsable à l’origine du projet Malutto (Tous ensemble) qui a joué un rôle fédérateur entre les autres lycées, “le sens de mon engagement a été de rassembler les gens de mon âge. En fait c’est un peu comme entrer dans la société”. Ces expériences fortement appréciées des acheteurs la stimulent pour fabriquer des produits toujours meilleurs.
Lycée maritime de Miyagi
“Un beau travail sur les produits de la mer”
Du lycée maritime de Miyagi, deux membres du club de cuisine ont créé des recettes originales : un beignet de baleine et un beignet onctueux de crustacés. Malgré leur timidité lors de la première présentation du projet à un responsable d’une société locale, les bons conseils des professeurs et la gentillesse de tout le monde les ont beaucoup aidés. Le leader du club, Yamamoto Kôdai (18 ans) se remémore la joie ressentie après tant d’efforts. “C’était bien de travailler en collaboration avec les élèves d’autres lycées. On a pris conscience de l’importance de réaliser concrètement quelque chose”, affirme-t-il. Son père dirige une usine de produits de la mer à Onagawa. Son souhait est “de lui apporter une aide en apprenant toujours davantage”.
Lycée commercial féminin d’Ishinomaki
“L’intelligence pour promouvoir les produits”
Le club des études commerciales du lycée commercial féminin d’Ishinomaki a répondu à l’appel lancé par leur professeur : “Et si on faisait quelque chose pour la reconstruction ?” Si, concrètement, elles n’étaient pas en mesure de fabriquer les produits alimentaires elles-mêmes, leur collaboration a été utile en particulier dans le domaine du marketing où elles ont apporté des idées originales. Elles ont ainsi assuré une meilleure présentation des produits. Elles avaient déjà été récompensées par un prix pour la fabrication d’une canette originale, conçue en collaboration avec une entreprise. Cette expérience leur a servi pour ce nouveau projet. La responsable du club, Takahashi Mitsuko (18 ans), se souvient que “sur l’emballage et l’étiquette, on a voulu préciser un maximum de détails sur le produit. Lors de mes courses quotidiennes, j’avais pris l’habitude de faire attention à ce qui était écrit sur les emballages et les étiquettes.” Cela traduit bien ses réflexes de professionnelle.
Lycée technologique d’Ishinomaki
“L’architecture au service de la vente”
Pour la deuxième année consécutive, le projet Malutto a installé son stand lors du Salon Miyagi 2014, qui s’est tenu dans 5 endroits dont la ville de Sendai, les 8 et 9 novembre derniers. Pour cet événement, on a compté sur le lycée technologique d’Ishinomaki dont sept membres du club d’architecture ont utilisé du bois de cèdre pour créer et monter un stand de belle taille. Pour les conseiller, ils ont fait appel au patron d’une société locale. “Cela nous a permis d’apprendre les techniques de professionnel. On a réalisé quelque chose de superbe”, disent-ils avec fierté. Au fil du temps, leur habileté a progressé. “Ce sont des jeunes sérieux qui apprennent très rapidement. A partir de là, avec des idées nouvelles et personnelles, on peut dire qu’ils iront loin !”, estime aujourd’hui leur conseiller.
Une pierre qui se transforme en diamant
Si le projet Malutto a tâtonné à ses débuts et a dû surmonter de nombreuses épreuves, les lycéens se disent tous simplement satisfaits “d’avoir pu se faire des amis dans d’autres lycées”. Les entreprises participantes ont fait preuve d’un généreux paternalisme “en leur faisant découvrir le plaisir de créer un produit commercial et ressentir la réaction des gens”. Ces lycéens ne manquent pas d’idées qui peuvent changer notre région. Le projet Malutto est en mesure de transformer une pierre en diamant. Pour un lycéen ou une lycéenne, “concrétiser tout ce qui est d’Ishinomaki”, c’est un objectif qui nous remplit de joie. C’est une manière d’exprimer leur attachement à cette ville où ils sont nés et ont grandi.
Ohmi Shun
Comme nous vous l’avions annoncé dans notre numéro de mars, nous avons entamé la publication d’une série d’articles rédigés par l’équipe de l’Ishinomaki Hibi Shimbun dans le but d’informer les lecteurs sur la situation dans l’une des villes les plus sinistrées. Malgré ses difficultés, ce quotidien local continue à enquêter et à apporter chaque jour son lot de nouvelles. Si vous voulez le soutenir dans sa tâche, vous pouvez vous abonner à sa version électronique pour 1000 yens (moins de 7 euros) par mois : https://newsmediastand.com/nms/N0120.do?command=enter&mediaId=2301