Pas toujours facile de comprendre de quoi il est question, alors restez à l’affût…
Quand on apprend une langue (en l’occurrence le japonais), il faut tout faire pour préserver cet état de doute permanent, tel un bébé qui découvre le monde et qui n’a pas la moindre conviction sur ce qui l’entoure. Débuter dans l’apprentissage d’une langue, c’est s’engager à faire face aux malentendus, aux incompréhensions, tout ce qui fait que bien souvent de nombreux étudiants choisissent d’abandonner, croyant faire fausse route. Un étudiant qui doute, c’est un étudiant qui fait travailler son imagination, son intelligence. Un étudiant qui n’a pas d’imagination ne peut pas aller bien loin. Débutant, son imagination est souvent son seul recours pour avancer. Son oreille n’est pas habituée et son vocabulaire est limité. Dans une conversation, les deux ou trois mots qu’il parvient à identifier lui servent de point de départ d’une suite de suppositions qui, par un jeu de déductions, de confirmations et d’éliminations, permettent enfin de comprendre de quoi il est question. Imaginer, supposer et… regarder. Car pour déduire au mieux ce que les mots ne permettent pas de comprendre immédiatement, il est primordial de se fier à tout ce qui constitue le cadre de la parole. Pour que les suppositions soient le plus justes possibles, il faut être attentif à tout ce qui accompagne les mots. Les expressions du visage, la gestuelle, les déplacements, mais aussi le ton de la voix… Tout fourmille d’indices. La communication n’est pas faite que de mots, et tendre l’oreille ne suffit pas toujours, il faut aussi savoir ouvrir les yeux. C’est d’ailleurs en reprenant tout ce que l’on voit, en imitant les Japonais dans ce cadre qui leur va si bien, que l’on parvient ensuite, sans finalement trop se forcer, à converser avec un minimum de naturel et à employer spontanément des tournures que des puristes réfuteraient. Des phrases interrogatives dépourvues du ka final où l’on compense par une intonation adéquate…
よく眠れました?
Yoku nemuremashita ?
Vous avez bien dormi ?
Des omissions volontaires de particule, parce que parfois cela va sans dire…
おなかすいたでしょう。
Onaka suita deshô.
Vous devez avoir faim.
Mais aussi de plus longues répliques entrecoupées d’une série de ne (ね) porteurs de bien peu de sens, mais si pratiques pour reprendre son souffle et réfléchir en parlant…
これね、よかったら食べてね。納豆というんだけど、ゆみちゃんはね、納豆大好きだからね。
Korene, yokattara tabete ne. Nattô to iunda kedo, Yumi-chan wa ne, nattô daisuki dakara ne.
Mange ça, si tu veux. Ça s’appelle du nattô. Yumi adore ça.
Pierre Ferragut
Pratique :
Le mot du mois
実感 (jikkan) : sensation réelle
本当に日本にいることが実感できます。
Hontô ni niihon ni iru koto ga jikkan dekimasu.
Je sens vraiment que je suis réellement au Japon.