Le zazen fait partie des éléments importants de la pratique du zen. En voici les grandes lignes. Séance de zazen au Shinshô-ji, situé à l’extérieur de Fukuyama, dans la préfecture de Hiroshima. / Shinshoji Zen Museum & Gardens A quand remonte la dernière fois où vous vous êtes déconnecté de tous vos appareils électroniques, où vous avez cessé de vous préoccuper de toutes les choses que vous devriez faire et où vous vous êtes simplement assis en silence, sans rien faire, sans même penser à quoi que ce soit ? Si vous faites cela régulièrement, vous faites probablement partie des personnes de plus en plus nombreuses qui ont découvert les bienfaits mentaux et physiques du zazen, ou méditation assise. Les autorités sanitaires reconnaissent que la méditation est un traitement efficace contre le stress et la dépression. Nombreux sont ceux qui la considèrent comme le moyen idéal de se détendre et d’oublier ses soucis. Elle fait partie du programme de bien-être d’entreprises telles que Google, Nike et Starbucks. Selon l’ancien patron d’Apple, Steve Jobs, lorsque vous pratiquez la méditation de pleine conscience, “votre intuition commence à s’épanouir et... vous voyez beaucoup plus de choses que vous ne pouviez le faire auparavant”. Dans le monde des surmenés, le nouveau mantra est “ne faites rien, restez assis !”. Pourtant, la simple détente est loin d’être le véritable objectif du zazen. “Le zen ne doit jamais devenir un moyen de se sentir bien ni un tranquillisant pour calmer l’excitation et les pensées sauvages”, déclare Ômori Sôgen (1904-1994) dans son livre Introduction to Zen Training [Introduction à l’entraînement zen, Tuttle, 2020], traduction anglaise de Sanzen Nyûmon, le texte japonais classique pour les étudiants débutants en zen. En tant que l’un des plus grands maîtres zen du Japon, il a exprimé sa gratitude pour la récente floraison de l’intérêt international pour le zen. Mais il s’est également inquiété du fait que beaucoup viennent au zen pour de mauvaises raisons. Non pas qu’il nie les bienfaits de la pratique du zen pour la santé, mais pour Ômori Sôgen et beaucoup d’autres comme lui, le véritable objectif de zazen ne devrait être rien de moins que l’illumination : “Toucher la vie infinie et le monde absolu, comprendre qu’il s’agit là de son vrai moi”. Les trois principales écoles zen du Japon, Sôtô, Rinzai et Ôbaku, divergent quant à la meilleure façon de pratiquer zazen. La première croit en l’utilisation de zazen seule pour atteindre progressivement l’illumination. La seconde utilise également le zazen mais le complète par des kôan, ou énigmes, conçus pour briser l’esprit rationnel afin d’atteindre une illumination intuitive soudaine. Quel est le son d’une main qui frappe ? C’est le kôan le plus connu, posé pour la première fois par le moine Hakuin au XVIIIe siècle. Le moine Eisai (1141-1215) a ramené les enseignements du zen Rinzai de Chine en 1191, tandis que l’école du zen Sôtô a été établie par le moine Dôgen (1205-1253). En 1244, celui-ci a également fondé Eihei-ji - le temple de la paix éternelle – dans la préfecture de Fukui, non loin de la ville de Fukui, dans la région de Chibu. Steve Jobs a un jour envisagé de devenir moine dans ce temple après avoir visité Eihei-ji.Quelle que soit la branche que vous suivez, elles ont toutes en commun l’objectif d’atteindre l’illumination et de découvrir votre véritable personnalité. Le nombre de touristes au Japon ayant retrouvé des niveaux pré-covidiques, de plus en plus de visiteurs, inspirés par la tendance de la pleine conscience, sont à la recherche d’une expérience zen. En réponse, de plus en plus de temples bouddhistes ont ouvert leurs portes, offrant aux visiteurs un aperçu de leur monde autrefois secret. Le temple Eihei-ji, par exemple, propose des séjours d’une nuit avec pratique du zazen. Il est situé au cœur des montagnes près de la côte nord-ouest du Japon, sur un terrain offert par un samouraï qui était un fervent adepte de Dôgen. Aujourd’hui, 100 moines se consacrent au style de zazen de maître Dôgen au sein de ce temple. Ailleurs, le temple Shinshô, situé dans les collines boisées à l’extérieur de Fukuyama, dans la préfecture de Hiroshima, s’est rebaptisé Shinshô-ji Zen Museum and Garden (Musée et jardin zen de Shinshô-ji). Son objectif est de rendre le monde du zen “totalement accessible au public... à travers les cinq sens”. Il propose également la pratique du zazen. Un guide vous accueille dans le bureau en forme de pomme de pin et vous conduit à travers les magnifiques jardins du Shinshô-ji, qui font partie du vaste complexe du temple situé à flanc de colline. Dans le “Jardin du cœur qui apprécie”,...