Parlez-moi des Suzuki. Quel genre de famille est-elle ? Y. S. : Les protagonistes de la plupart de mes films sont des personnes sans espoir qui, grâce à leurs efforts, ont leurs 15 minutes de gloire. À cet égard, ma “famille de survie” est probablement la pire de tout ce que j'ai pu imaginer jusqu'à présent. Les Suzuki sont tellement ineptes que vous vous inquiétez constamment de leur capacité à s'en sortir. Loin d'être des héros, ce sont des personnes auxquelles le public peut s'identifier. En d'autres termes, je voulais que les spectateurs se mettent à leur place et pensent à leurs chances de survie au cas où ils se trouveraient dans la même situation. Comment vous compareriez-vous au père ? Y. S. : Je pense que je serais aussi inutile que lui. D'une part, je n'aime pas les activités en extérieur et je n'ai jamais fait de camping. Je n'ai même pas une carte du Japon. J'ai un vélo, mais j'aurais peur de me perdre en un rien de temps pour trouver mon chemin vers Kagoshima. Cela dit, je crois que M. Suzuki et moi sommes plutôt représentatifs de la plupart des pères aujourd'hui. Je suis sûr que de nombreux hommes adultes ne pourraient pas conduire en toute sécurité leurs familles pendant un si long voyage, tout en s'assurant de manger trois repas par jour et de dormir dans des endroits propres et sûrs. Combien de temps faut-il pour aller de Tôkyô à Kagoshima ? Y. S. : Cette famille, particulièrement désespérée, a mis 100...