Pour réviser la Constitution, il est indispensable de disposer de la majorité des deux-tiers au sein de la Diète. Pensez-vous que le danger d’une révision constitutionnelle est bien réel ? N. K. : C’est possible, mais ce n’est pas certain. Après des années de campagnes menées par ces individus, y compris avec le soutien d’organisations médiatiques, de nombreux Japonais – parfois même une majorité d’entre eux – estiment que ce serait une bonne chose de changer la Constitution quand on leur pose la question dans des sondages. Mais il s'agit là d’une sorte d'astuce parce que, pendant la majeure partie de la période d’après-guerre, le débat politique sur la révision a presque exclusivement porté sur l’article 9 (qui interdit la guerre comme moyen de régler les différends internationaux). Or, cet article est extrêmement difficile à changer parce que la plupart des Japonais sont en fait très attachés aux idéaux pacifistes qu’il incarne. Les révisionnistes ont donc adopté une approche différente, parlant plutôt d'autres changements constitutionnels (liés à l'environnement, etc.) et les utilisant comme une sorte de cheval de Troie. Donc, quand on demande aux gens s’ils sont d'accord avec une modification de la Constitution, cela ressemble à une question générale. Mais en réalité, il n’y a aucun consensus sur ce qui devrait être réellement changé. Lorsque vous voyez les titres dans les journaux, il semble que les gens veulent réviser l’article 9, ce qui n’est pas le cas parce que la majorité s’y oppose encore. Pourtant, le Parti libéral-démocrate (actuellement au pouvoir et dirigé par Abe Shinzô) a déjà rédigé une nouvelle Loi suprême. C'est une chose très effrayante parce qu’elle va à l’encontre de l’idée du constitutionnalisme et essaie d’affaiblir la Déclaration des droits du Japon. Un référendum est donc nécessaire pour réviser la Constitution. La Nippon Kaigi affirme qu’elle incarne les valeurs traditionnelles des citoyens, mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas autant de personnes qui partagent actuellement ces valeurs conservatrices, en particulier chez les plus jeunes. N. K. : On peut aussi ajouter qu’ils ne manifestent pas beaucoup d’intérêt pour la politique....