L'heure au Japon

Parution dans le n°77 (février 2018)

Vous faites partie de ces traducteurs qui possèdent par leur histoire personnelle et familiale la double culture française et japonaise, ce qui est toujours un mystère pour ceux qui ne l’ont pas. M. S. : En effet, j’ai bénéficié d’une double culture mais ma langue maternelle est le français. Pourtant, même si je suis née et j’ai grandi en France, la première langue que j’ai parlée est le japonais, et quand je suis arrivée à la maternelle je ne parlais pas un mot de français. Mais peu à peu, ayant suivi une scolarité française ordinaire, la langue française a pris le dessus. J’ai continué de parler japonais à la maison, mon père maîtrisant le japonais lui aussi. Aujourd’hui il m’arrive parfois de pouvoir exprimer une idée plus facilement en japonais, même si à l’écrit c’est définitivement en français que je me sens le plus à l’aise. Je rêve dans les deux langues. J’éprouve beaucoup d’attachement pour les deux, peut-être pour des raisons différentes : je trouve que le français est beau, tandis que le japonais est émouvant. Grammaticalement, j’ai la sensation que le français a quelque chose de rigoureux, sans concession, tandis que le japonais se permet plus de libertés. En revanche, quand je cherche à transmettre une idée, je trouve le français plus direct que le japonais, qui est plus codifié, rigide. Qu’est-ce qu’un manga difficile à traduire ? M. S. : Un manga peut être difficile à traduire pour diverses raisons. Bien sûr, il y a les mangas denses, je pense par exemple au Pavillon...

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