L'heure au Japon

Parution dans le n°64 (octobre 2016)

  Dans un milieu très masculin, cette ancienne secrétaire a réussi à s’imposer et à perpétuer une tradition ancestrale. Sawaki Mariko enfile sa jupe de paille, attache ses cheveux noirs et se dirige vers la rivière d’Uji. Là, derrière des grilles métalliques et odorantes, quatorze cormorans l’attendent. Au même moment, sur les berges, les premiers touristes prennent place à bord de sept barques. Le temps d’une nuit, sous l’œil ébahi des curieux, Mariko, 42 ans, redonne vie à une tradition ancestrale, vieille de 1 300 ans. Les plumes noires, le regard fier, les cormorans y jouent un rôle essentiel. Ce sont eux, qui avec leur bec, vont s’emparer des petites truites. Relié au pêcheur par des cordes, l’oiseau est alors remonté à bord de la barque pour dégorger. Un anneau autour de son cou l’empêche d’avaler le produit de sa pêche. Une chorégraphie bien huilée, mais qui peut laisser de nombreuses blessures. D’un air amusé, Mariko désigne ses avant-bras couverts de griffures et de cicatrices. L’ancienne noblesse a permis à cette tradition de vivre à travers les siècles et la littérature. Mais peu à peu, des techniques de pêche, plus performantes et moins fatigantes sont apparues. Et cette pratique est devenue de moins en moins rentable. D’un grincement métallique, Mariko referme les grilles de la cage. A l’intérieur les oiseaux donnent de la voix. Six d’entre eux embarquent avec elle et son maître,...

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