Je rêvais de parler français, comme dans les films. Mais en commençant par a, b, c, puis en passant par l’emploi du subjonctif avant d’arriver à comprendre le verlan et les SMS envoyés par des Français, le chemin a été très très long.
Je suis arrivée en France sans connaître cette langue, sauf trois mots : “bonjour”, “merci” et “pardon”. Un guide de poche m’a suffi pour mon premier trajet. Pour le reste je me suis débrouillée avec mon anglais niveau débutant, ce qui était idéal pour que les Français me comprennent. Un peu plus tard, j’ai appris l’expression “ça va”, grâce à laquelle j’ai commencé à dialoguer : “ça va ?” “Oui, ça va, merci. A bientôt !” Bien qu’il me fût impossible d’en dire plus, j’ai vécu pendant trois mois avec ce vocabulaire magique (j’ai compris plus tard que c’était bien d’arrêter la conversation à ce moment-là. Sinon les Français racontent toute leur vie pendant des heures même si on les connaît à peine).
Au début, la vie m’a semblé plutôt belle et je me sentais comme un petit génie. Dès que j’ai commencé à fréquenter une école de langue, je suis devenue une sous-douée de première catégorie. Je ne comprenais rien, j’entendais “patate” quand le professeur disait “peut-être”. Un jour, malgré tout j’ai tenté d’aller voir un film pour enfants, en croyant pouvoir le comprendre un peu. Or, je n’ai même pas compris le sens du mot “chien” ! Je me suis alors mise à étudier du matin au soir. Peu à peu, j’ai compris que le français ressemblait aux mathématiques. C’était une question de logique et de mémoire, sauf que la grammaire française a trop d’exceptions qui confirment les règles. Mais de toute façon comme les Français les maîtrisent rarement, j’ai le droit de dire « malgré que… ».
En tout cas, le français n’est pas une langue que l’on peut apprendre dans la rue, sinon on ne pourrait pas dire plus que “Té où ?….on fé koi ? Bof, ché pas, sui naze…ah putin !”. Pourtant, c’est ce que l’on entend aussi dans les films ! J’ai fini par tout comprendre !
Koga Ritsuko