Le 3 octobre sort le dernier volume de l’excellent thriller signé Sanbe Kei. Frissons et suspense garantis.
On vous l’a dit et répété, il ne faut pas se fier aux apparences. L’Île de Hôzuki en est la preuve puisque si l’on devait seulement s’arrêter à la couverture de ce manga, on pourrait croire que l’on a affaire à une bande dessinée d’horreur ou peut-être à une histoire érotique du fait de la présence de personnages féminins aux formes suggestives. Dès lors, le lecteur peu sensible à ces deux genres serait tenté de ne pas se lancer dans la lecture de cette série en quatre volumes (le dernier volet sort le 3 octobre). Disons-le tout net. Il aurait tort, car l’histoire imaginée par Sanbe Kei est avant tout un thriller bien ficelé que l’on a bien du mal à lâcher une fois que l’on en a entamé la lecture. Elle met en scène des enfants au passé tragique envoyés dans un centre de réadaptation sur une île mystérieuse où le personnel d’encadrement a un comportement pour le moins étrange. Tout commence avec l’arrivée de Kokoro et de sa jeune sœur aveugle Yume à Hôzuki. Abandonnés par leur mère, les deux enfants rejoignent ainsi quatre autres jeunes qui n’ont jamais connu l’amour familial. Ils sont tous les victimes d’une société dans laquelle l’enfant n’occupe plus une place centrale. En quelques phrases et quelques scènes, l’auteur rapporte le destin des jeunes protagonistes, dénonçant au passage quelques fléaux de la société moderne japonaise comme l’addiction au jeu ou l’endettement. Pour oublier et se reconstruire, les enfants sont regroupés sur l’île de Hôzuki, lieu qui va vite s’avérer étrange et effrayant pour les nouveaux arrivants. “Les profs nous cachent quelque chose… Si tu ne veux pas mourir… Ne crois pas ce qu’ils racontent…”, raconte l’un d’eux à Kokoro. Le décor est planté. Au fil des pages, l’atmosphère devient de plus en plus lourde. Kokoro découvre un couteau maculé de sang dans le tiroir d’un bureau. L’histoire s’accélère. Il comprend vite que les adultes sont malveillants et que les apparences sont trompeuses. L’île qui lui semble d’abord paradisiaque est en définitive un endroit malsain dont il devra s’échapper s’il veut protéger sa petite sœur aveugle. La disparition d’un élève, l’accident d’un professeur conduisent les élèves à imaginer leur fuite, mais on devine très vite que cela ne sera pas une partie de plaisir. Le suspense est à son comble. Sanbe Kei, grâce à un découpage très réussi, entraîne le lecteur dans un suspense haletant. Sans doute inspiré par certaines séries télévisées spécialisées dans le rebondissement de dernière minute, l’auteur parvient à lui faire oublier qu’il n’a entre les mains qu’un manga. Comme quoi, on a souvent raison de rappeler qu’il ne faut pas se fier aux apparences.
Gabriel Bernard
Référence :
L’île de hôzuki, de Sanbe Kei, trad. de David Le Quéré, 4 vol., éd. Ki-oon, 7,50 € – www.ki-oon.com