Le photographe David Arnaud a pu se rendre à Gunkanjima. Il en a rapporté un reportage qu’il présente à Espace Japon.
Hashima, Gunkanjima, Gunkanshima, Battleship Island. Ces mots désignent tous le même morceau de terre. Une île située en mer d’Amakusa au large de Nagasaki. Elle ne laisse pas indifférent, elle fascine. Rêve pour certains, but ultime pour d’autres, elle a connu au siècle dernier la plus forte densité de population au monde. Elle a accueilli des mineurs qui sont venus l’habiter avec leur famille. Puis ses hôtes ont dû la quitter dans les années 1970. Depuis l’île a été interdite, elle est devenue haikyo (ruines), livrant ses vestiges aux vents et à l’écume. Pour toutes ces raisons, j’ai voulu la rencontrer pour qu’elle me livre son histoire . J’ai voulu faire de cette rencontre un moment unique : Ichi-go ichi-e, comme disent les Japonais.
Je consacre mon travail à la découverte de friches. Mes pas sont attirés par la matière. La rouille, les débris, l’oxydation, ces corps en décomposition racontent une histoire, des histoires. Histoire d’une vie passée et histoire d’une vie en devenir. La visite de ces lieux nécessite cependant le respect de trois règles : ne rien prendre, ne rien laisser, ne rien casser. Leur respect et la situation particulière de l’île m’ont permis de vous rapporter ce reportage inédit. Interdite pendant longtemps au public, uniquement accessible par bateau, elle a pu ainsi conserver son âme. Une chaussure, une poupée, un vêtement, autant d’objets qui ont pu être saisis sur l’instant et livrer une partie de leur secret. J’y retournerai.
David Arnaud