Un très beau documentaire rend hommage à l’interprète culte du film de Fukasaku.
Mishima Yukio, Fukasaku Kinji, Oshima Nagisa ou encore Kitano Takeshi. Tout ce que le cinéma et le théâtre ont compté ou comptent comme personnalité de premier plan sont un jour ou l’autre tombés sous le charme de Miwa Akihiro. Méconnu en Occident, ce personnage atypique est une vedette au pays du Soleil-levant où sa popularité transcende les générations. Il est le chouchou du public qui apprécie le talent de cet homme qui, depuis plusieurs décennies, interprète des rôles de femmes et a décidé de vivre comme s’il en était une. “Habillé en garçon, on se moquait de moi. On me regardait de haut à cause de ma petite taille (1,61 m). J’étais humilié”, se souvient-il au début du très bon documentaire que Pascal-Alex Vincent lui consacre. “J’ai alors décidé qu’on devait me regarder de bas en haut perché sur de hauts talons”, poursuit celui qui va percer l’écran, en 1968, dans l’adaptation cinématographique du Lézard Noir signée par le prometteur Fukasaku Kinji. Le texte d’Edogawa Rampo avait été adapté au théâtre par un certain Mishima Yukio mais sans grand succès populaire. L’auteur, amoureux transi de Miwa, lui a alors demandé de reprendre le rôle. “Il me l’a proposé trois fois, m’expliquant qu’il voulait que le public vienne enfin voir ses pièces”, raconte l’acteur qui va donner une dimension gigantesque au personnage de femme fatale, mangeuse d’hommes. C’est ce qui a amené ensuite la Shôchiku à se lancer dans la production du film qui est devenu l’un des plus grands succès du cinéma japonais. Mais Miwa a d’autres cordes à son arc, notamment des cordes vocales qui lui ont valu de faire aussi carrière dans la chanson. Très bien documenté, le film de Pascal-Alex Vincent est un bel hommage à celui qui a aussi fait avancer la cause des homosexuels dans l’archipel. A voir ou à revoir grâce à la multidiffusion sur la chaîne CinéCinéma.
Odaira Namihei