Lancement réussi pour Tokyo Boot Up !, le premier marché de la scène indépendante.
Du 3 au 5 septembre 2010, Watanabe Ken a voulu mettre le feu à Tokyo et créer dans la capitale un nouveau rendez-vous pour l’industrie du disque. “Le Japon a beau être le second marché de la planète en termes de ventes de disques, il n’existe aucun salon digne de ce nom dans l’archipel. Tout le monde connaît le MIDEM, mais rien de semblable n’a vu le jour au Japon. Face à cette situation de fermeture dans laquelle les sociétés japonaises semblent se complaire, j’ai voulu profiter du bouillonnement qui existe sur la scène indépendante pour mettre en place la première édition de Tokyo Boot Up !” confie cet homme qui travaille depuis 35 ans dans le secteur musical. Il a notamment participé à la promotion du groupe Dreams come true à l’international. “Aux Etats-Unis, il existe South By South West (SXSW). C’est un rendez-vous important. Il a été lancé par des managers d’artistes indépendants qui voulaient promouvoir leurs poulains. Au Japon, ça manquait cruellement. C’est d’autant plus dommage que le rock japonais connaît un nouvel âge d’or. La scène indépendante japonaise est sans doute la meilleure du monde avec des artistes de premier plan. Malgré cela, les maisons de disques japonaises ne font rien pour les soutenir ou les promouvoir auprès du public. Elles semblent complètement bouchées”, affirme Watanabe Ken, conscient de l’énorme travail qui l’attend après le succès de la première édition de Tokyo Boot Up ! Au cours des trois jours, plus de 90 groupes se sont produits sur les scènes notamment de Loft, Marz et Marble, permettant à la majorité d’entre eux de faire la démonstration de leur talent devant un public qui ne les connaissait pas. Watanabe Ken considère son initiative comme une étape indispensable dans la carrière d’un groupe si celui-ci veut dépasser le simple cadre local. “Je trouve vraiment dommage que la majorité des artistes japonais adopte encore cet état d’esprit. Il y a tellement mieux à faire”, raconte-t-il. Compte tenu de l’évolution du pays et de la tendance pour certains de ces groupes à s’impliquer dans les débats de société, il estime d’autant plus important de renforcer leur poids. “Je crois qu’un grand nombre de ces artistes sont préoccupés par la fracture sociale et qu’ils sont désireux de la combattre. Mais pour que cela serve à quelque chose, il est indispensable qu’ils puissent se faire entendre au-delà de la scène indépendante. Gagner la confiance des grandes maisons de disques n’est pas chose aisée actuellement et je crois que la plupart des jeunes artistes en ont conscience. Il faut donc procéder autrement et faire en sorte d’amener un plus large public à mieux comprendre leur démarche”, assure le fondateur de Tokyo Boot Up ! Son ambition est claire : devenir le découvreur de talents numéro un. Lors de l’édition 2010, Watanabe Ken a particulièrement apprécié Owarikara, Sonic Attacks Blaster, Okamoto’s et Counterparts parmi les dizaines de groupes qu’il a vus et entendus. Il les a choisis, car ces formations lui ont procuré au-delà de leurs qualités artistiques du plaisir. “La fraîcheur de la nouveauté”, résume-t-il. “Aujourd’hui, c’est un élément très important dans la démarche des auditeurs, en particulier chez les jeunes. Ils n’attendent plus que les médias classiques leur parlent de tel ou tel artiste. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils ne s’intéressent plus à la musique, ils souhaitent juste participer à la découverte de talents”, affirme le fondateur de Tokyo Boot Up ! Il l’a justement créé pour associer le public et ainsi donner plus de poids à son initiative. Il faudra bien sûr du temps pour que Tokyo Boot Up ! trouve sa vitesse de croisière et devienne un rendez-vous aussi incontournable que le MIDEM ou SXSW. Mais Watanabe Ken est confiant. Il prépare déjà l’édition 2011 qui se tiendra aussi du 3 au 5 septembre. D’ici là, il entend communiquer le plus possible pour rappeler à ceux qui en douteraient encore toute l’importance pour la scène musicale de disposer d’un tel rendez-vous à l’échelle internationale. “Les artistes japonais ont toutes les qualités pour s’exporter. Mais il est indispensable de leur en donner les moyens et qu’ils en prennent conscience”, rappelle-t-il.
Odaira Namihei