Disposant d’un permis de conduire japonais et international, je rêvais de posséder une voiture française, souvent considérée dans mon pays comme un véhicule de luxe ou de collection, afin de la conduire partout ! Quand je suis arrivée en France, j’ai été très surprise de l’état des voitures, j’ai vu une Peugeot dont les fenêtres avaient été remplacées par du plastique ou le rétroviseur d’une Renault réparé avec du scotch. Au Japon, même une rayure de 3cm sur une petite Nissan devient un souci essentiel. La technique du créneau à la française, qui consiste à pousser les voitures déjà garées, m’a surprise, car dans mon pays j’avais dû payer 500 euros pour faire réparer un pare-chocs que ma voiture avait à peine éraflé lors d’une tentative de stationnement. Un ami français m’a dit que « le pare-chocs est fait pour recevoir des chocs ». Je me suis donc décidée à prendre le volant.
Mon rêve a rapidement tourné au cauchemar ! Je ne savais pas passer les vitesses manuellement,car j’avais obtenu mon permis sur une voiture automatique. Malgré plusieurs entraînements sur un parking de banlieue, lorsque je prenais la route, j’étais stressée. En plus des trois pédales et du changement de vitesse, tout est à l’envers par rapport à mon pays, pas seulement la position du volant et du levier de vitesse, mais aussi ici les voitures roulent à droite ! Ne parlons pas des ronds-points ! Tout ça dans Paris où on me klaxonne et m’insulte si j’hésite à avancer. En définitive, je préfère vivre tranquillement qu’écraser quelqu’un au volant d’une petite Twingo âgée de bientôt 20 ans ! Et si mon mari achetait une automatique ? Avec ça, je suis sûre de pouvoir devenir comme une vraie Parisienne au volant. Lorsqu’une bagnole ou un piéton m’énerveront, je les fixerai avec un regard mauvais, puis klaxonnerai et crierai « Merde ! » en levant et pliant le bras droit à 90 degrés avec la main bien ouverte. Selon la situation ou la gravité, ce « Merde ! » pourra être remplacé par « Connard ! » ou « Connasse ! ». Voilà, je crois que je suis prête maintenant à me lancer.
Koga Ritsuko