Pour répondre au désintérêt des jeunes vis-à-vis de la politique, un rapport préconise l’introduction de l’éducation civique.
Comme dans beaucoup d’autres pays, la jeunesse japonaise semble s’intéresser de moins en moins à la politique. Leur taux de participation aux élections, quelles qu’elles soient, est en constante baisse et les autorités ne savent plus comment les inciter à se rendre aux urnes. Différentes campagnes de sensibilisation, faisant appel à des personnages inspirés de l’univers du manga, ont été lancées ces derniers mois dans l’espoir de les convaincre à participer au scrutin. Avec un slogan simple “Rendons-nous aux urnes” lancé par une jeune femme le poing en avant comme un signe de ralliement, la dernière en date mise en place lors des élections locales dans le Tôhoku pendant l’été 2011 n’a pas porté les fruits escomptés. C’est la raison pour laquelle d’autres solutions sont aujourd’hui imaginées par les autorités. A la différence de la France où il existe un enseignement civique, le Japon n’en propose pas aux élèves. Un récent rapport remis au ministre des Affaires générales souligne ce manquement et recommande au gouvernement d’imaginer l’introduction de l’éducation civique dans les écoles de l’archipel. “Il est important que, dès le plus jeune âge, les enfants prennent conscience de leur place en tant que citoyen de ce pays puisqu’ils en auront un jour la gestion”, peut-on lire dans le document. Pour parvenir à cet objectif, les rapporteurs estiment qu’il est indispensable de transformer les écoles et d’amener les élèves à débattre et discuter de sujets de société qui les touchent directement. Pour justifier leurs propositions, ils rappellent que la différence entre les 20-30 ans et les autres tranches d’âge au niveau de la participation électorale avoisine les 20 %, un chiffre inquiétant qui révèle le fossé entre les générations. Tandis que le vieillissement de la population s’accélère, il est important que le pays ne soit pas géré qu’en fonction des intérêts des personnes âgées. Sans la présence des plus jeunes dans le débat politique, on ne voit pas comment échapper à cette tendance. En mettant en place une éducation civique et en introduisant un peu plus de débats au sein des écoles, les responsables de ce rapport estiment que cela permettrait de relancer l’intérêt pour la chose politique parmi la jeunesse. C’est donc une petite révolution qui pourrait être initiée dans le monde éducatif japonais. Tout cela reste pour l’instant au conditionnel, car aucune décision concrète n’a été prise dans ce sens. Néanmoins, c’est un premier pas qui méritait d’être souligné au moment où la défiance à l’égard du monde politique n’a jamais été aussi grande.
Gabriel Bernard