Plusieurs manifestations dans la région s’intéressent au Japon. Parmi elles, nous en avons retenu deux particulièrement réussies.
En cette année 2012, la Bretagne se met à l’heure du Japon. De Rennes à Brest, en passant par Saint-Brieuc ou Douarnenez, plusieurs événements offrent aux amoureux de l’archipel la possibilité de découvrir des facettes parfois méconnues de la culture nippone. La rencontre entre le pays du Soleil levant et la région du soleil couchant est source de belles surprises pour les visiteurs. Parmi les douze grands rendez-vous, ceux de Brest et de Lorient retiennent notre attention, car ils témoignent de l’importance des échanges culturels et de leur influence dans l’évolution du travail des artistes. Avec La Vague japoniste, le musée de Brest s’intéresse de façon originale à la manière avec laquelle les peintres français ont été influencés par l’art japonais à la fin du XIXème siècle au moment où bon nombre d’entre eux manifestaient leur intérêt pour les estampes venues du Japon et pour la mer qu’ils cherchaient à représenter de multiples manières. Leur découverte de l’art japonais va leur permettre de réviser leur façon de regarder et de peindre la nature, en cherchant à mettre en valeur d’autres cadrages et en privilégiant d’autres couleurs. La Bretagne a accueilli de nombreux artistes qui se sont essayés à cet art que l’on a fini par baptiser le japonisme. Georges Lacombe, Emile Bernard, Paul Sérusier, Maurice Denis, Emile Jourdan, Jean-Francis Auburtin, Henri Rivière, Henry Moret, Maxime Maufra, ou encore René Quillivic figurent parmi ceux-là et le musée de Brest leur rend un bel hommage du 4 juillet au 4 novembre, en exposant leurs œuvres les plus représentatives. Une Bretagne aux accents japonais est ainsi mise en valeur avec également quelques estampes qui permettent de mieux saisir leur impact sur les artistes de l’époque.
A Lorient, c’est un visage des échanges culturels que l’on peut voir. Dans ce port qui fut le siège de la Compagnie française des Indes orientales fondée en 1664 par Colbert dans le but de concurrencer la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (VOC) ou Compagnie hollandaise des Indes orientales, il était normal que l’on s’intéresse à l’une des richesses de la culture nippone : l’imari. Justement intitulée Odyssée de l’Imari, cette exposition vient rappeler l’importance des échanges dans l’élaboration de nouvelles techniques de production. C’est en Chine que la porcelaine apparaît au IXème siècle. “Le kaolin finement broyé et porté à très haute température permet de créer de délicats objets vitrifiés à la blancheur immaculée qui suscitent immédiatement l’admiration et l’envie des cours du monde entier”, rappellent les promoteurs de l’exposition qui se déroule à l’Hôtel Gabriel de Lorient jusqu’au 2 septembre prochain. Au Japon, c’est sur l’île de Kyûshû, en première ligne pour les échanges avec le continent, que le processus de fabrication de la porcelaine est appliqué d’autant qu’on y trouve des gisements de kaolin. Les artisans japonais parviennent à reproduire la fameuse porcelaine “bleu et blanc” (oxyde de cobalt) avant de réussir à maîtriser d’autres oxydes et la pose de l’or, favorisant l’émergence de nouveaux styles : Imari, Nabeshima et Kakiemon. Le style Imari devient alors une référence. C’est à Arita au début du XVIIème siècle que démarre la production de la porcelaine japonaise qui permet ainsi à l’archipel de concurrencer la Chine dans ce domaine. Cette acquisition technologique coïncide à un moment clé dans l’histoire du Japon. Tandis que l’empire chinois est secoué par des troubles qui le privent de ses fours destinés à la production de porcelaine, le Japon se replie sur lui-même sous l’impulsion du shôgun Tokugawa. Les échanges avec le monde extérieur sont interdits. Seuls les Hollandais sont autorisés à entretenir un comptoir à Dejima, en baie de Nagasaki, sur l’île de Kyûshû. C’est par ce lieu contrôlé par la Compagnie hollandaise des Indes orientales que la fameuse porcelaine d’Imari va donc transiter avant d’atteindre l’Europe où elle va devenir la coqueluche des plus fortunés. L’exposition revient sur ce circuit, en montrant de nombreux objets d’époque et en soulignant le rôle de la VOC et la jalousie qu’elle pouvait susciter chez les Français. Lorsque les Chinois, à la fin du XVIIème siècle, se lancent à leur tour dans la production de porcelaine d’Imari pour répondre à la demande européenne, on voit apparaître un nouveau circuit d’échange, ce que l’Odyssée de l’Imari met parfaitement en perspective. Le visiteur saisit ainsi l’importance du commerce et son rôle dans l’évolution des styles d’objets qui, 400 ans plus tard, conservent toute leur splendeur. A ne pas manquer.
Gabriel Bernard
Référence :
La vague japoniste, Musée des Beaux-Arts de Brest, 24, rue Traverse 29200 Brest. Du mardi au samedi 10 h-12 h et 14 h-18 h. Le dimanche 14 h-18 h. 2,50€.
Odyssée de l’imari, Hôtel Gabriel, Lorient. Tous les jours de 10 h à 19 h. Entrée libre.