Créé en 1912 dans le but de favoriser le tourisme étranger dans l’archipel, le Japan Tourist Bureau a beaucoup changé.
Wakamatsu Kôji, l’enfant terrible du cinéma japonais, nous expliquait au moment de la sortie de son docu-fiction United Red Army (Jitsuroku Rengo Sekigun: Asama sanso e no michi, 2008) qu’il était de plus en plus difficile de produire des films de qualité et que pour parvenir à filmer ce qu’il lui plaisait, il en était arrivé à hypothéquer ses biens. Tomita Katsuya a quant à lui été obligé de faire des petits boulots pour financer Saudade, l’une des sorties les plus intéressantes de cet automne 2012 et l’une des productions nippones les plus fortes de ces dernières années. Tourné en HD, ce film de plus de deux heures est un voyage au cœur d’un Japon comme on ne l’imagine guère en Europe où l’on a tendance à imagnier la société nippone sans aucune aspérité. Le Japon de Tomita, c’est un univers urbain qui se déshumanise à vitesse grand V, donnant naissance à un mal-être qui s’exprime dans la musique, le rejet de l’autre et la violence. On est donc bien loin de l’époque où la quasi totalité des Japonais estimaient appartenir à la classe moyenne. On découvre que la précarité est devenue une norme et que les “étrangers”, en l’occurence des descendants de Japonais arrivés massivement dans les années 1980 pour travailler dans les usines automobiles, n’ont plus leur place. Pour interpréter les personnages de son histoire, Tomita a fait appel à des comédiens dont le jeu accentue encore davantage le caractère presque documentaire de cette fiction. A la différence du cinéma indépendant des années 1960-1970 qui avait tendance à déformer la réalité, celui de Tomita Katsuya cherche à la mettre en valeur qu’elle soit belle ou moche. Une sorte de cinéma vérité dans lequel on sent toute la hargne d’un cinéaste talentueux et prêt à prendre des risques. C’est donc une chance pour le public français de pouvoir visionner ce film à compter du 31 octobre dans les salles de l’Hexagone. Pour ceux qui souhaitent le voir en avant-première, deux possibilités s’offrent à eux : le 11 octobre à la Maison de la culture du Japon à Paris (19 h 30) ou le 20 octobre à La Pagode (10 h) dans le cadre du ciné-club de Zoom Japon.
Odaira Namihei