Je rêvais de maîtriser les us et coutumes du pourboire. Comme c’est un sujet qui n’existe pas au Japon, je m’étais renseignée avant de venir en France. Dans les restaurants et les cafés, on laisse un pourboire qui représente 10 % du total de l’addition. Dans les hôtels, n’oubliez pas de laisser sur la table de chevet une pièce de 1€ chaque matin, m’avait-on dit.
Aussi la première fois que j’ai passé une nuit dans une chambre double d’un petit hôtel parisien avec une Japonaise, on s’est retrouvé dans une situation fâcheuse, car on ne savait pas s’il fallait laisser chacun 1€ ou 1€ pour les deux. Je n’osais pas non plus prendre un café lorsque je n’avais pas de monnaie à laisser. Le pourboire est ainsi devenu un sujet d’angoisse. Même quand je le laisse sur la table, j’ai peur qu’il soit volé et je ne bouge pas jusqu’à ce qu’un serveur le ramasse. D’ailleurs, je me demande toujours pourquoi on ne pique pas les sous qui traînent sur les tables alors que les sacs que l’on pose à ses pieds disparaissent très facilement. C’est un grand mystère.
Aujourd’hui, puisque je n’ai vu aucun de mes amis français laisser de pièce dans leur chambre d’hôtel, je ne le fais plus. En revanche quand j’ai travaillé comme serveuse dans un bar, plus de la moitié des gens me donnait un pourboire et j’en étais ravie. Car cela me permettait de connaître la satisfaction de la clientèle. Pourtant, j’ai été abasourdie le jour où invitée à déjeuner par des hommes d’affaires japonais ces derniers ont laissé un billet de 20 € sur la table pour le service. Ça m’a aussi permis de comprendre pourquoi les Japonais sont souvent les bienvenus !
Par contre, une autre fois, j’ai assisté à une scène au cours de laquelle une dame française a donné 0,20 € à une jeune maîtresse de cérémonie du thé venue du Japon lorsqu’elle lui a servi du thé. Malheureusement ce geste a brisé le charme et mis à mal l’honneur à la japonaise. La jeune femme a eu l’impression que cette dame l’avait traitée de haut. Définitivement, le pourboire est un sujet compliqué pour les Japonais. Moi-même, je ne sais toujours pas si je dois donner une pièce aux livreurs de pizza qui arrivent dans les temps !