Dans le cadre de son ciné-club, Zoom Japon propose une avant-première du dernier film de Sono Sion en sa présence le 8 mars à 20h.
Sono Sion est un des cinéastes les plus intéressants que le cinéma japonais a révélé ces dernières années. Il s’est bâti une solide réputation, notamment à l’étranger, avec ses réalisations souvent fortes et parfois dérangeantes. Habitué des festivals, il prouve, film après film, que son talent n’est pas usurpé et qu’il appartient à cette catégorie de cinéastes qui refusent de se plier à une discipline ou un quelconque code de conduite. A l’instar d’un Tomita Katsuya qui a dû s’en inspirer, il défend sa liberté de création et de choix. Pour lui, un film est un moyen de faire bouger les lignes, d’amener le spectateur à s’interroger sur le monde qui l’entoure. Profondément touché par les événements tragiques du 11 mars 2011, Sono Sion a voulu témoigner à sa manière du choc que le séisme et le tsunami ont provoqué dans son pays. Dans Himizu, sorti en 2011 et présenté au Festival de Venise la même année, il avait raconté le destin de deux jeunes adolescents au milieu du désastre naturel face auquel l’ensemble de la société attend de ses membres qu’elle ne fasse qu’un pour surmonter les problèmes. Pourtant ses personnages ne parviennent pas à participer à cet élan. Ils sont en rupture avec le monde qui les entoure et expriment leur colère dans un tourbillon magnifique et mis en scène avec brio par un cinéaste plus sensible que pourrait le laisser penser ses œuvres au premier abord. Sono Sion est un poète à fleur de peau qui rappelle le regretté Wakamatsu Kôji. Son intérêt pour les événements de mars 2011 ne pouvait pas non plus se limiter à un seul film. “La réalisation du premier film a jeté les bases d’un second”, expliquait-il lors de la sortie de The Land of hope (Kibô no kuni) en octobre dernier à Tôkyô. Pourtant il a bien failli ne pas voir le jour puisque dans un premier temps il n’a pas trouvé d’argent pour le financer. Il faut dire que le thème, le coût humain après un accident nucléaire du même type que celui qui a eu lieu à Fukushima, n’est pas de nature à enthousiasmer les producteurs dans un pays où “le sujet de l’énergie nucléaire reste tabou”. Grâce en partie à de l’argent venu de Grande-Bretagne, Sono Sion a pu réaliser une œuvre qui se veut un manifeste dans lequel s’exprime une nouvelle fois une profonde colère. Il a voulu rapporter sous forme de fiction ce que les gens, victimes de la catastrophe, ressentaient au fond d’eux-mêmes sans qu’ils puissent réellement l’exprimer ouvertement dans les médias. Cette histoire de deux familles voisines arbitraitrement séparées par une clôture qui marque la création d’une zone d’exclusion s’inspire de la réalité. “Une réalité pour le moins kafkaesque”, souligne le cinéaste. C’est ce film que Zoom Japon vous invite à découvrir lors d’une avant-première exceptionnelle, le vendredi 8 mars à 20 h au cinéma La Pagode en présence du réalisateur qui expliquera sa démarche et répondra aux questions du public. Un rendez-vous d’autant plus fort qu’il se déroulera quasiment deux ans jour pour jour après la catastrophe. Nul doute que The Land of hope et son metteur en scène séduiront les spectateurs français.
Odaira Namihei
Pratique :
The Land of hope (Kibô no kuni) de Sono Sion. Vendredi 8 mars à 20h. 9,50€ (t.r. 7,50€). Réservation conseillée au 01 45 55 48 48.
Cinéma La Pagode, 57 bis rue de Babylone 75007 Paris – www.rendezvousaveclejapon.fr