Pour la deuxième année, un jury composé de lecteurs de Zoom Japon a récompensé
le meilleur roman et le meilleur manga.
Malgré le froid et la neige qui commençaient à poindre le bout de son nez, ils étaient tous là. Venus de Perpignan, Toulouse, Nantes et Paris, les quatre membres du jury 2013 du Prix Zoom Japon – deux femmes et deux hommes - étaient bien décidés à défendre leur choix. “Je sens que ça va être compliqué”, a commencé à dire l’un d’entre eux, estimant que la qualité des ouvrages à départager donnerait lieu à des débats serrés. Conscients de devoir récompenser à la fois le travail d’écriture, de traduction et d’édition, ils avaient pris des notes sur chacun des livres qu’ils avaient lus tout au long de l’année, au total une soixantaine. Du roman historique au polar, en passant par la littérature pure, du seinen au shônen sans oublier le shôjo, les quatre lecteurs ont pu apprécier la diversité des titres publiés en France. Pour l’édition 2013, un nombre plus important d’éditeurs ont présenté leurs livres, ce qui a donc permis d’élargir les domaines et les styles. Comme en 2012, c’est par le manga que les discussions ont commencé. Au terme du premier tour de table, au cours duquel chaque juré devait donner une liste de ses quatre titres préférés, en justifiant son choix, une tendance en faveur de deux titres — Les Enfants de la mer de Igarashi Daisuke (éd. Sarbacane) et Anjin-san de George Akiyama (éd. Le Lézard noir) — s’est dessinée. “La qualité de l’édition pour ces deux livres est remarquable. Ce sont deux très beaux objets”, a rappelé Alisson originaire de Nantes. Ce que les autres membres du jury ont convenu. Mais c’est finalement le manga signé Igarashi Daisuke qui a remporté les suffrages pour son graphisme et la poésie de son histoire extraordinaire, “étrange mais pas dérangeante”. Côté littérature, les jurés ont également souligné la qualité des romans qu’ils ont été amenés à lire. Ils ont aimé la drôlerie d’un Okuda Hideo dans Les Remèdes du docteur Irabu (éd. Wombat), ont été sensibles au réalisme de La Fusée de Shitamachi de Ikeido Jun (éd. Books), et ont apprécié l’écriture et le style de Isaka Kôtarô dans Pierrot la gravité (éd. Philippe Picquier), déjà récompensé par le Prix Zoom Japon en 2012 avec La Prière d’Audubon (éd. Philippe Picquier). Mais c’est Nakamura Fuminori et son Pickpocket (éd. Philippe Picquier) qui a finalement été choisi. La fluidité du texte, la traduction exemplaire et une histoire qui “happe littéralement le lecteur” ont été les arguments déterminants pour le jury. Les deux prix seront remis, le 25 mars prochain, lors d’une cérémonie au Salon du livre de Paris.
Gabriel Bernard
Références :
Les enfants de la mer (kaijû no kodomo) de Igarashi Daisuke, trad. par Victoria-Tomoko Okada, éd. Sarbacane, 15€
Pickpocket (Suri) de Nakamura Fuminori, trad. par Myriam Dartois-Ako, éd. Philippe Picquier, 17,50€