Pour les amateurs de manga japonais, le nom de Seirindô est intimement lié au magazine Garo publié entre 1964 et 2002. La maison fut d’ailleurs fondée pour éditer ce mensuel qui a marqué l’histoire du manga (voir notre article p. 16 consacré à l’exposition que Zoom Japon organise pour lui rendre hommage). A tel point que le site Internet de l’éditeur ne porte pas le nom de Seirindô, mais celui de Garo. Créée en 1962 par Nagai Katsuichi, la maison d’édition avait comme ambition de publier les œuvres de Shirato Sanpei, mangaka talentueux spécialisé dans les histoires de samouraïs dont les jeunes Japonais raffolaient à l’époque. La plupart de ses histoires étaient parues sous forme d’ouvrages de prêt que les lecteurs louaient dans des boutiques spécialisées (kashihonya) pour quelques yens. Mais à la fin des années 1950, le mode de distribution des mangas évolue et le pouvoir d’achat des Japonais leur permet désormais de se payer des mangas et des magazines. C’est pour s’adapter à ce bouleversement que Seirindô est fondée. Quelques mois plus tard, Garo apparaît et devient le fer de lance de l’éditeur. Comparé aux mastodontes du secteur (Kôdansha, Shôgakukan, Shûeisha), Seirindô est une minuscule entreprise, mais l’état d’esprit qui l’habite lui permet de séduire les plus grands talents de l’époque. Garo devient une référence. Mais cela ne suffit pas. Au fil des années, notamment à partir de la fin des années 1970, les ventes du magazine s’effondrent. Seirindô doit réviser ses ambitions et sera même obligé de mettre un terme à la publication de Garo. Même si l’éditeur a conservé ses idées plutôt progressistes, il cherche à assurer des rentrées d’argent en publiant des mangas historiques comme l’adaptation du Kojiki (voir Zoom Japon n°23 de septembre 2012) qui a connu un certain succès auprès du public.
Odaira Namihei