Trois éditeurs, trois styles différents, mais trois réussites pour bien commencer cet automne 2013.
Il faut bien reconnaître que les sorties manga ne nous réservent pas toujours de bonnes surprises. Mais en cette rentrée 2013, force est de constater que les éditeurs ont déniché quelques pépites dont nous nous sommes régalés. Nous passerons rapidement sur l’excellent Giacomo Foscari signé Yamazaki Mari que publie la toute jeune maison d’édition Rue de Sèvres. Dans cette nouvelle série toujours en cours au Japon, la mangaka s’intéresse à l’évolution de son pays à travers le regard d’un professeur italien qui va vivre l’agitation d’une société en quête d’identité vingt ans après la Seconde Guerre mondiale. Partenaire de la sortie de cette œuvre très réussie et parfaitement maîtrisée par l’auteur de PIL (Casterman, 2013), Zoom Japon vous propose un entretien avec Yamazaki Mari (voir pp. 20-22) et la possibilité de découvrir en exclusivité les premières pages de Giacomo Foscari sur www.zoomjapon.info.
Autre manga à ne pas rater, Montage de Watanabe Jun qui, lui aussi, nous fait remonter un peu le temps pour nous transporter en 1968 à la découverte d’une affaire qui a défrayé la chronique et qui reste 45 ans après un mystère non élucidé. Dans la matinée du 10 décembre 1968, des employés de la banque Nihon Shintaku Ginkô transportent la prime des salariés de l’usine Toshiba à Fuchû, dans la banlieue de Tôkyô, dans une voiture banalisée transportant près de 300 millions de yens. Un motard de la police les arrête. En trois minutes, l’homme, un faux policier, dérobe l’ensemble de la somme et s’évapore dans la nature. La police déploie alors de très gros moyens, quelque 170 000 policiers, pour retrouver la trace de l’argent et du voleur. Sans succès, faisant de ce vol, l’une des affaires criminelles les plus célèbres du pays, donnant lieu à une abondante littérature et à des interprétations de toutes sortes. Avec maestria, Watanabe Jun revient, à sa manière, sur une affaire dont le nombre de suspects a atteint 110 000 noms. Efficace dans son trait et s’appuyant sur un scénario bien huilé, l’auteur nous entraîne au cœur d’une enquête menée par Yamato dont le père est accusé d’être le responsable du vol par un ancien policier qui meurt assassiné tout comme son père quelques jours plus tard. Watanabe Jun met en place une captivante histoire que l’on ne lâche pas pour en avoir le fin mot.
Enfin, Sô Hamayumiba nous livre un shôjo entraînant qui permet de plonger dans le folklore japonais. Hanayamata est à la fois l’histoire d’une amitié entre deux collégiennes qui se retrouvent autour de la danse folklorique yosakoi. Mais c’est aussi une belle manière de s’intéresser à cette danse très énergique originaire de la région de Kôchi, au sud de l’île de Shikoku. Hana va partager sa passion avec Naru, une collégienne comme les autres. Cela va bouleverser son existence. Sô Hamayumiba décrit bien l’univers des adolescentes au Japon et leur capacité à tout donner pour leur passion. Plein d’humour, ce manga se lit avec un réel plaisir y compris lorsqu’on n’est pas un amateur de shôjo. Sô Hamayumiba, auteur déjà remarqué grâce à Un Carré de ciel bleu (Doki-Doki, 2011), montre qu’il dispose du talent nécessaire pour toucher un plus large public.
Odaira Namihei
Références :