NADiff A/P/A/R/T ambitionne de séduire un public encore peu familier avec l’art contemporain.
Elle doit en partie sa célébrité à la difficulté de la trouver, mais les amoureux des arts et des livres sont prêts à braver bien des difficultés pour s’y rendre. NADiff A/P/A/R/T, le vaisseau amiral du groupe NADiff, qui compte désormais quatre autres librairies dans la capitale et deux autres en province, a ouvert ses portes dans un bâtiment de trois étages implanté à proximité de la rivière Meguro après la fermeture en 2007 de sa première boutique à Omotesandô, le très chic quartier de la capitale. C’est sous l’impulsion d’Ashino Kimiaki, le grand manitou de NADiff, que la décision a été prise.
On peut comprendre pourquoi les gens de NADiff considère leur librairie comme un sanctuaire pour les livres avant même d’avoir mis un pied à l’intérieur du bâtiment dessiné par Schemata Architects. Les deux minces piliers rouges qui se trouvent à l’entrée symbolisent un torii (porte sacrée des sanctuaires shintoïstes) tandis qu’à vos pieds, l’agencement d’aluminium, de cuivre et de laiton rappelle celui des pierres utilisées à la villa impériale Shûgaku-in à Kyôto. L’intérieur de la librairie est aussi intéressant. Les grandes fenêtres permettent à la lumière naturelle de pénétrer et les murs blancs contribuent à créer un environnement lumineux. Près des fenêtres, des empreintes de pattes fantômes font croire qu’un chat est passé par là au moment où les travaux étaient sur le point d’être achevés.
Le nom même de la librairie en dit long sur ses objectifs. D’un côté, “Apart” est la formule racourcie du mot appartement tout en étant inspiré par le terme français “à part” dans la mesure où ses promoteurs ont non seulement implanté la librairie dans une petite ruelle et manifesté le désir de se démarquer de la culture de masse. Les barres obliques qui figurent dans le nom suggèrent que chaque pièce dans le bâtiment est indépendante des autres. D’ailleurs, les étages supérieurs sont loués pour des expositions et possèdent chacun un bar et un restaurant. Le bâtiment est donc un complexe artistique qui accueille un nombre croissant d’amateurs d’art contemporain.
La librairie au rez-de-chaussée déborde d’ouvrages consacrés à l’art. On y trouve tout aussi bien des beaux livres, des périodiques, des catalogues d’expositions que des objets d’art indépendants sans oublier les habituels CD, DVD et autres marchandises présentes dans ce genre de lieux. La galerie située au sous-sol abrite chaque année une dizaine d’expositions d’artistes en quête de reconnaisance. Le nom NADiff est la contraction de New Art Diffusion. Responsable du lieu, M. Shirokawa explique ce qui a motivé le déménagement de 2007. “Lorsque nous étions à Omotesandô, notre clientèle était composée essentiellement de jeunes branchés. Nous avons voulu élargir notre audience en nous installant dans un environnement complètement différent. Ebisu est un quartier de bureaux. Nous espérons ainsi attirer un public qui n’est pas très familier avec l’art contemporain et qui se rend rarement dans les musées”, confie-t-il.
Les anciens fervents ont quant à eux suivi religieusement la librairie quand elle a déménagé. On peut les voir traîner dans les rayons à la recherche de nouveautés. Parmi les trouvailles que nous avons faites, on peut citer le General Idea: FILE Magazine de 2024 pages, un énorme coffret rétrospectif de l’influent magazine canadien.
Jean Derome