Pour lutter contre l’alcoolisme, la ville de Higashi-Matsushima invite les hommes à se réunir.
L’alcool peut être un excellent lubrifiant pour améliorer les relations entre les individus. Néanmoins, depuis le séisme et le tsunami qui ont frappé le nord-est de l’archipel, l’augmentation de la dépendance à l’alcool est devenue un sujet préoccupant chez les personnes seules et isolées. C’est la raison pour laquelle la direction des affaires sanitaires à Higashi-Matsushima, située à quelques kilomètres d’Ishinomaki, a mis en place l’“otokojuku”, un cours destiné à redonner du tonus aux hommes. Le premier rendez-vous s’est déroulé dans le quartier des logements provisoires du parc des sports Yamoto. Il consiste à aider les hommes à se constituer des réseaux d’amitiés et se maintenir en bonne santé. La session de 5 cours est aujourd’hui achevée, donnant lieu à la première réunion de l’association des anciens “diplômés” qui s’est constituée à l’automne dernier. Il s’agissait d’approfondir leurs relations grâce à la présence revigorante de l’alcool.
La plupart du temps, les réunions dans les quartiers de logements provisoires sont organisées par des femmes qui boivent du thé. L’otokojuku a justement été lancé pour favoriser une plus grande implication des hommes dans ce genre d’événement. Il a démarré en juin 2013 et s’est étalé sur 4 mois. On a expliqué à un groupe d’hommes âgés de 60 à 80 ans ce qu’il fallait faire pour qu’ils gardent la forme. Les cours étaient dispensés par des infirmières et des nutritionnistes. Les promoteurs de ce projet ne souhaitaient pas s’arrêter en si bon chemin et ont décidé d’assurer un suivi, en mettant sur pied une réunion régulière d’anciens “élèves” qui y participent sur une base volontaire. Ils se réunissent ainsi une fois par mois. La direction des affaires sanitaires à l’origine de l’otokojuku soutient ce processus tout en laissant une forte autonomie de façon à ce que ce soit les participants qui déterminent le contenu de leur rassemblement mensuel. Elle se montre ainsi très ouverte à la participation de personnes extérieures à l’association comme lors de la marche nordique organisée en octobre dernier dans le but de brûler un maximum de calories. La dernière réunion de l’année 2013 a eu lieu le 18 décembre dernier.
Et c’est Satô Kazuo, 70 ans, responsable du district de Hamasuka qui s’en est chargé. Il avait prévu une réunion festive où l’alcool coulerait à flots pour fêter quelques bonnes nouvelles comme la décision portant sur les futures constructions et le relogement dans des HLM publics de la plupart des personnes qui vivaient dans des logements provisoires. Il en a profité pour inviter des infirmières afin qu’elles fournissent des informations sur la meilleure façon de se comporter face à l’alcool en cette période favorable à la consommation de boissons alcoolisées. Il a aussi mis au défi ceux qui n’avaient pas bonne réputation en tant que cuisinier, en leur demandant de préparer un plat simple (du poisson) au four. Une fois les plats terminés, on les a alignés sur une table et on a ainsi pu procéder au toast. L’idée était de limiter la consommation d’alcool à 50 cl de bière et 10 cl de shôchû, un alcool distillé à 25°. Chacun a respecté la règle. “L’ambiance agréable qui s’en est dégagée m’a rendu pompette”, raconte Satô Kazuo. Ce n’est pas simplement le fait de vivre seul, mais ce qui est très spécial, ce sont ces relations entre hommes. “Ce type de réunion mensuelle est l’occasion d’aborder de façon légère des questions de santé”, confirme-t-il. C’est un des enseignements de l’otokojuku.
Plutôt que de boire seul dans son coin, le risque de sombrer dans l’alcool se réduit quand on se rassemble et qu’on s’amuse. On dit que l’alcool est le meilleur médicament, mais c’est aussi une calamité si l’on en consomme trop. L’un des objectifs de l’otokojuku était à la fois de favoriser une consommation modérée d’alcool en groupe et de faire attention à sa santé. A l’avenir, on envisage d’inviter des femmes afin d’élargir les cercles d’amitié autour de discussions sur une meilleure hygiène de vie.
Kumagai Toshikatsu
Comme nous vous l’avions annoncé dans notre numéro de mars, nous avons entamé la publication d’une série d’articles rédigés par l’équipe de l’Ishinomaki Hibi Shimbun dans le but d’informer les lecteurs sur la situation dans l’une des villes les plus sinistrées. Malgré ses difficultés, ce quotidien local continue à enquêter et à apporter chaque jour son lot de nouvelles. Si vous voulez le soutenir dans sa tâche, vous pouvez vous abonner à sa version électronique pour 1000 yens (moins de 7 euros) par mois : https://newsmediastand.com/nms/N0120.do?command=enter&mediaId=2301