A la merci des caprices de la nature, les Japonais se préparent au pire dans des espaces dédiés et ludiques.
Vivre au Japon, c’est comme si l’on était assis sur une bombe à retardement prête à exploser à tout moment. Non seulement l’archipel est l’un des pays au monde où les séismes sont les plus fréquents, mais il y a aussi les tsunami, les inondations, des volcans en activité et une saison des typhons qui le traverse chaque année. La plupart d’entre nous ont enregistré ça dans un coin de sa tête et nous essayons de ne pas trop y penser. Reste que la possibilité d’un violent tremblement de terre existe quel que soit l’endroit où l’on se trouve en train de marcher dans la rue, en train de dormir à la maison, en train de prendre le train. Et la façon dont nous réagirons au cours des quelques secondes après la secousse pourra nous sauver la vie.
Ceux qui vivent dans la région de Tôkyô ont la chance d’avoir à leur disposition de nombreux endroits où ils peuvent apprendre à réagir en cas de catastrophe naturelle. Et comme ça se passe dans la capitale, on peut apprendre en s’amusant. Tôkyô dispose de cinq grands Centres de prévention des catastrophes, mais si vous n’avez le temps que d’en visiter un seul, il n’y a pas de meilleur endroit que le Centre d’apprentissage de la sécurité de Honjo.
Situé à proximité de la tour Tokyo Sky Tree, cet établissement est le plus récent et le plus grand des bôsaikan, comme on dit en japonais, à avoir été créé dans la capitale. On en trouve deux autres à Ikebukuro et Tachikawa, mais ce bâtiment gigantesque est le meilleur des trois. En plus des expositions, d’une bibliothèque et d’une documentation très riche, les gens s’y rendent nombreux pour participer à une “visite guidée” de deux heures au cours duquel ils découvrent un film sur les séismes en 3D, font l’expérience d’un tremblement de terre de magnitude 7, apprennent à sortir d’un appartement enfumé, s’entraînent à éteindre un incendie et à affronter une tempête. D’une certaine façon, vous pouvez le considérer comme une sorte de parc d’attractions. C’est sans doute pour cette raison que de nombreuses familles figurent parmi les visiteurs.
La visite commence dans la salle de cinéma du Centre de prévention située au 3e étage. Grâce aux lunettes 3D que l’on vous fournit, vous pouvez regarder un film destiné à vous apprendre à réagir en cas d’une violente secousse. De toute évidence, le documentaire a été tourné il y a plusieurs années, mais il est très réaliste et vous procure quelques frissons garantis. En le voyant, je me suis souvenu de ces films catastrophes en vogue dans les années 1970. La prochaine étape concerne les incendies. Vous êtes alors plongé dans la fumée au milieu de ce qui ressemble à un appartement et vous devez trouver la sortie, en vous déplaçant accroupi de façon à ne pas inhaler de la fumée. On vous procure ensuite un extincteur que l’on vous apprend à manipuler. Vous le dirigez vers un écran sur lequel des images d’un appartement en feu apparaissent et comme par magie, vous parvenez à éteindre l’incendie. De toute évidence, l’endroit que tous les visiteurs veulent voir est la section consacrée à la simulation de séismes. Le guide décide de l’intensité du tremblement de terre en fonction de votre âge. Si vous avez l’air en bonne santé, il est probable qu’il pousse le curseur jusqu’à la magnitude 7.
A chaque étape, les visiteurs sont encadrés par un instructeur de telle sorte que les différentes activités se déroulent en toute sécurité. Même les enfants peuvent les pratiquer pour prendre conscience de la réalité de ce genre d’événement et vous préparer en conséquence. En général, les explications sont données en langue japonaise, mais la plupart des instructeurs parlent anglais et de la documentation sont fournies dans la langue de Shakespeare. Mais vous pouvez profiter de l’expérience, en reproduisant les gestes des autres personnes présentes.
Les personnes désireuses de faire l’expérience de scénarios catastrophes encore plus impressionnants doivent se rendre au Parc de prévention des catastrophes naturelles de Tokyo Rinkai. Au 1er étage, les visiteurs y trouveront une quantité importante d’information en anglais et en japonais. Ils pourront aussi comparer les équipements d’urgence du monde entier et visionner une série de films comme un documentaire sur un méga séisme ou la version spéciale du film d’animation Tokyo Magnitude 8.0 (que vous pouvez trouver sur YouTube).
Le moment le plus intéressant se situe dans la zone de simulation baptisée 72 heures qui se trouve au rez-de-chaussée. Equipé d’une console Nintendo DS multilingue, vous déambulez dans Tôkyô dévasté par un séisme imaginaire. La console vous entraîne vers différents endroits et vous marquez des points chaque fois que vous répondez aux questions posées. Le but de ce “jeu” est de déterminer si vous êtes à même de survivre dans les trois jours qui suivent une catastrophe de grande ampleur, c’est-à-dire pendant cette période au cours de laquelle les secours ne sont pas encore organisés de façon structurée. 72 heures est une réussite. Son seul défaut est de se terminer trop vite. Sachez seulement que les enfants les plus jeunes peuvent être incommodés par le bruit et le noir.
Jean Derome
Infos pratiques :
Honjo Bôsaikan 4-6-6 Yokokawa, Sumida-ku, Tôkyô. Tél. 03-3621-0119. De 9 h à 17 h. Fermé le mercredi et le troisième jeudi de chaque mois.
Gratuit. Réservation obligatoire par téléphone.
Parc de prévention des catastrophes naturelles
de Tôkyô Rinkai 3 Ariake, Kôtô-ku, Tôkyô.
Tél. 03-3529-2180. De 9 h 30 à 17 h. Fermé le lundi. Gratuit. Aucune réservation n’est requise.