Zoom Japon est partenaire de la sortie du coffret proposant 9 films du maître et de sa rétrospective à la Cinémathèque.
Lorsqu’on évoque la Nouvelle vague japonaise, irrémédiablement le nom d’Ôshima Nagisa est prononcé. Mais lorsqu’on demande de citer un de ses films, la plupart du temps, on n’échappe pas à L’Empire des sens (Ai no korîda, 1979) ou à Furyo (Senjô no meri kurisumasu, 1983), deux longs-métrages qui ont donné au cinéaste japonais l’occasion de faire la carrière internationale que ses premiers films ne lui avaient pas permis. Si les plus cinéphiles d’entre nous connaissent Contes cruels de la jeunesse (Seishun zankoku monogatari, 1960) dont les deux personnages principaux extorquent de l’argent à des automobilistes naïfs attirés par l’héroïne et qui fut le premier succès japonais d’Ôshima à la Shôchiku, les autres réalisations du cinéaste ne bénéficient pas de la même notoriété en dehors des frontières de l’archipel même si l’on a pu découvrir par le passé certaines d’entre elles comme Nuit et brouillard au Japon (Nihon no yoru to kiri). Sorti la même année, il fit scandale, car le réalisateur s’attaquait de front à la politique du gouvernement et sa décision de renouveler le traité de sécurité nippo-américain. Retiré des salles quatre jours après sa mise en exploitation par les dirigeants de la Shôchiku, Ôshima Nagisa décida de quitter le studio pour créer sa propre société de production afin de pouvoir mener sa carrière comme bon lui semblait et s’attaquer à tous les sujets tabous de la société japonaise. Dans un pays en pleine agitation politique, ses films ne passent pas inaperçus, suscitant l’enthousiasme des uns et l’irritation des autres. C’est une partie de ces films moins connus, voire inconnus du public français que Carlotta a réunis dans un coffret que tout nippo-cinéphile se doit de posséder. Outre les chefs-d’œuvre que sont La Pendaison (Kôshikei, 1968), Le Petit garçon (Shônen, 1969) et La Cérémonie (Gishiki, 1971) – aussi disponibles en éditions individuelles –, ce formidable ensemble de neuf films du maître décédé en 2013 propose plusieurs pépites qu’il sera aussi possible de voir sur grand écran pendant la rétrospective organisée à la Cinémathèque française. C’est l’occasion de féliciter à nouveau cette noble institution qui, depuis quelques années, a choisi de rendre hommage au cinéma nippon. Parmi les trésors peu connus du coffret édité par Carlotta sous la précieuse direction de Mathieu Capel dont les présentations apportent un souffle nouveau à la critique cinématographique sur le Japon, on peut citer Journal du voleur de Shinjuku (Shinjuku dorobô nikki, 1968), un pur moment de plaisir au cours duquel le cinéaste fait la démonstration de son inventivité. C’est aussi un formidable documentaire sur ce quartier qui était à l’époque le haut lieu de la contestation. Il y a aussi Carnets secrets des ninjas (Ninja bugeichô, 1967) dont la particularité est d’être un montage d’un manga très populaire publié par Shirato Sanpei entre 1959 et 1962. Un film tout à fait original qui met en évidence l’esprit créatif d’Ôshima, mais aussi tout le talent du mangaka qui faisait alors le bonheur de Garo, l’un des magazines les plus innovants du moment (voir Zoom Japon, n°43, septembre 2014).
Gabriel Bernard
Références :
Coffret Nagisa Oshima, 6 DVD et 3 Blu-Ray contenant 9 films restaurés. Le Petit garçon, La pendaison et La Cérémonie sont également disponibles sous forme de DVD individuels.
60,19 € le coffret ou 19,99 € le DVD.
Rétrospective intégrale Nagisa Oshima, du 4 mars au 2 mai à la Cinémathèque française.
Plus d’informations sur www.cinematheque.fr.