Quelle que soit la saison et quelle que soit la région, il y a toujours un matsuri à découvrir. Petite visite guidée.
N’imaginez pas aller au Japon sans faire l’expérience d’un matsuri, l’une de ces nombreuses fêtes traditionnelles, qui ponctuent la vie des Japonais tout au long de l’année. N’imaginez pas non plus qu’il faille se rendre dans les coins les plus reculés du pays pour en profiter. Les matsuri se rencontrent partout dans l’archipel du plus petit village à la capitale. C’est un élément constitutif de l’âme japonaise et chacun des habitants de ce pays ne manque pas l’occasion d’y assister et/ou d’y participer. La plupart des matsuri correspondent à un moment particulier dans le calendrier et ont à voir avec la religion. La célébration du repiquage du riz au printemps donne lieu à des festivités comme sur l’île d’Ôshima, dans la préfecture d’Ehime, où c’est l’occasion d’organiser un combat de sumo entre un lutteur et le dieu après la bénédiction de la rizière par le prêtre shintô. En été, bon nombre de ces fêtes sont liées à des rituels pour conjurer les épidémies et les catastrophes naturelles, ou bien elles sont l’occasion d’obtenir la grâce des dieux pour qu’ils protègent les pêcheurs et leur assurent de nombreuses et belles prises. En automne, les matsuri sont organisés pour remercier les dieux d’avoir permis de bonnes récoltes tandis qu’en hiver, les fêtes sont là pour souder et revigorer les communautés. Dans la péninsule d’Oga, par exemple, au nord-ouest du pays, le 31 décembre, la fête est celle des monstres qui rendent visite aux enfants pour leur dire d’être sages et obéissants avec leurs parents.
Toutes ces fêtes, direz-vous, ressemblent à celles que nous connaissons en Europe. Dans les campagnes du vieux continent, il existe, ou plutôt il existait, des événements du même type. Les fêtes de la moisson étaient monnaie courante. Elles le sont beaucoup moins de nos jours alors qu’au Japon, les matsuri ont conservé toute leur vigueur. Car ces rendez-vous sont bien plus que des célébrations religieuses. Ils sont intimement liés au terroir, à l’histoire locale avec lesquels les Japonais entretiennent un lien unique. Avec les matsuri se perpétue la notion de kokyô, de terre natale, qui demeure une notion fondamentale y compris pour les natifs des grandes villes. Et puis, il y a l’élément festif proprement dit qu’on ne peut pas dissocier du Japon. Contrairement aux idées reçues, les Japonais aiment s’amuser et les matsuri constituent un moment privilégié pour exprimer leur joie de vivre. L’ambiance de kermesse, qui règne à proximité des fêtes avec les nombreux stands de yakisoba (nouilles sautées), takoyaki (beignets de pieuvre) et autres plats à consommer sur le pouce, rappelle qu’il s’agit d’un moment simple et populaire au cours duquel tout le monde se retrouve sans distinction. C’est ce que nous avons voulu vous montrer dans ce dossier.
Odaira Namihei