Depuis plusieurs mois, les éditeurs ont trouvé de quoi satisfaire les petits et les grands en mettant en scène des greffiers.
Le marché du manga ne se porte plus aussi bien que par le passé. Aussi les éditeurs cherchent-ils à trouver le thème ou la série qui leur permettra de retrouver le sourire. Depuis quelques années, le chat est un sujet qui fait recette. C’est tellement vrai que la plupart des maisons d’édition proposent désormais une ou plusieurs histoires mettant en scène des matous plus ou moins kawaii (mignon). Le plus chou d’entre eux et celui qui a montré la voie se prénomme Chi. Une fois de plus, c’est Glénat, souvent pionnier dans le secteur, qui a su profiter en premier du pouvoir de séduction de ce petit chat imaginé par Kanata Konami. En additionnant tous les ouvrages (mangas, romans, livres jeunesse) inspirés par Chi, l’éditeur de Grenoble a écoulé plus de 900 000 exemplaires. Rien qu’au niveau de la série manga Chi, une vie de chat dont le douzième et dernier volume paraîtra le 18 novembre, les 11 premiers tomes ont attiré quelque 750 000 lecteurs. De quoi donner le sourire, d’autant que la manne générée par ce personnage attachant ne se limite pas au seul secteur de la lecture. Comme il se doit en pareil cas, les produits dérivés sont légions et procurent des revenus confortables. Quo Vadis, spécialisé dans le matériel scolaire, propose ainsi depuis 2013 une ligne complète allant de l’agenda à la trousse tandis que la chaîne de restauration Flunch a tenté de séduire sa clientèle en offrant des produits griffés Chi dans chaque menu enfant servi au mois de juin dernier. Bien que la série s’arrêtera prochainement, il est probable qu’elle conservera encore longtemps son pouvoir d’attraction auprès du public petit et grand.
Au moment où Chi tire sa révérence chez Glénat, un autre chat créé par Kanata Konami fait son apparition chez Soleil Manga. Choubi Choubi, mon chat tout petit rappelle l’univers de Chi et son côté kawaii. Les petites aventures auxquelles sont confrontés les matous de l’histoire sont amusantes et il est probable que les lecteurs succomberont à leur charme bien que le graphisme soit moins léché que celui des aventures de Chi. Delcourt entend aussi surfer sur la vague du chat, mais de façon originale et inattendue. La publication, le 14 octobre, du Journal des chats de Junji Ito promet d’être un événement puisque le maître du manga d’horreur (Spirale, Tomié, etc.) a mis de côté ses pulsions noires pour se concentrer sur le quotidien de ses animaux de compagnie. Comme beaucoup d’artistes, le mangaka possède des chats dont l’un d’eux porte une tête de mort sur son dos. Le chat, comprenant que cela effraie les gens, se met à redoubler de fourberie pour leur faire peur. Sa cible favorite n’étant autre que… Itô Junji lui-même. L’histoire est amusante et nous éloigne des ambiances effrayantes auxquelles nous a habitués le mangaka.
Chez Komikku, c’est un chat noir baptisé Yanyaka par ses amis qui a trouvé grâce auprès des lecteurs dans la série Yanaka, histoires de chats créée par Wakatsuki Megumi. Il doit son nom au quartier populaire de Yanaka, à Tôkyô (voir Zoom Japon n°42, juillet-août 2014). On prend ainsi plaisir à le découvrir aux travers des yeux de ce petit chat plein de vie et totalement craquant. Sa naïveté et sa méconnaissance de la culture japonaise permettent au titre de rendre accessible la vie et les lieux incontournables de Yanaka, avec un humour et une fraîcheur communicative. C’est ce qui explique en grande partie son succès auprès d’un public plus âgé. En effet, il ne s’agit pas simplement d’un chat kawaii auquel il arrive de sympathiques aventures. L’auteur a trouvé le moyen de créer plusieurs niveaux de lecture qui répondent ainsi aux attentes de différents publics. N’hésitez donc pas à vous le procurer. Mais si vous êtes vraiment à la recherche d’un chat craquant, tournez-vous vers Kuro, un cœur de chat de Sugisaku qui raconte les aventures de Kuro et Chinko recueillis par M. Hige. Leur regard sur le monde des humains ne manque pas d’humour et explique sa bonne réception par le public qui préfère être jugé par un chat que par ses voisins.
Nobi Nobi, qui vient de fêter ses 5 ans comme Zoom Japon, a également décidé d’adopter un chat. Celui-ci s’appelle Moustic dans la série Miaou, le quotidien de Moustic créée par Kakio Minori. Plus pédagogique que les autres, le dernier venu dans la grande famille des mangas consacrés aux matous en tous genres ne manquera pas non plus de vous séduire.
Odaira Namihei