Plus d’un million de visiteurs sont attendus dans les îles de la mer Intérieure qui célèbrent l’art contemportain.
Le dôme géant est l’une des pièces majeures du grand rendez-vous triannuel. L’œuvre aura nécessité quelque 5 000 bambous minutieusement tressés à la main, en un temps record. Début mars, son concepteur, l’artiste taïwanais Wang Wen-chih a fait le déplacement sur l’île de Shodoshima, pour achever la sculpture en personne. Alors qu’il ne reste que deux semaines avant l’ouverture du festival, l’homme était fébrile. “Il reste beaucoup de travail et peu de temps, il va falloir se dépêcher”, explique-t-il tout en continuant de marcher à Nakayama où se trouve l’installation et en donnant des directives à l’équipe qui l’entoure.
Wang Wen-chih participe pour la troisième fois à laTriennale de Setouchi. Sa structure en bambous a été baptisée “Olive dream”, clin d’oeil à l’île qui l’accueille si chaleureusement depuis 2010 et dont l’économie repose à 60 % sur la culture du fruit oléagineux. “J’ai un coup de cœur pour cet endroit. Lorsque je suis venu la première fois ici, je ne connaissais pas le Japon. Les gens ont été si gentils et généreux. Ils ont partagé leur histoire, leur culture, leurs paysages. Il y a un sens de la communauté très fort que j’admire beaucoup. J’ai été très touché”, assure-t-il.
A travers son “rêve d’olive”, il leur rend hommage. “Cette fois, j’ai imaginé un dôme tout rond, comme une olive. Lorsque les visiteurs entreront à l’intérieur, j’aimerais qu’ils se sentent heureux. Sereins. Débarrassés du stress du quotidien. Le centre de la sculpture est le cœur de l’olive. J’espère que les visiteurs entendront leur propre cœur battre à l’unisson avec le dôme”, ajoute-t-il.
On a beau être en mars, le soleil chatouille les épaules. Shodoshima a ce parfum qui rappelle la Provence et son climat méditérranéen de manière assez troublante. Tout à coup, le rythme se ralentit. On retire son gros manteau qui devient superflu et on prend le temps de vivre. C’est sans doute cette douceur qui a donné envie à Patrick Tsai de sauter le pas et de quitter Tôkyô où il vivait depuis six ans pour s’installer à Shodoshima en septembre 2014. Ce jeune homme d’origine taïwanaise est né aux Etats-Unis. Il est arrivé au Japon, dans le cadre d’un projet artistique en 2012. Photographe, il endosse également à Shodoshima, le rôle de professeur d’anglais et de guide touristique à l’occasion. Un vrai couteau suisse. Avec le festival qui approche, il a du pain sur la planche.
“Je me plais beaucoup ici, j’ai été extrêmement bien accueilli. Au départ, je dois avouer qu’il est plus difficile de s’installer dans une si petite ile que dans une grande métropole, mais j’ai le sentiment que cela m’a rendu plus fort”, confie-t-il. C’est justement dans le cadre du festival qu’il a découvert l’endroit pour la première fois. C’était en 2013. “Mon séjour avait alors duré cinq semaines dans le cadre d’une mission pour le travail. J’y ai rencontré des gens si chaleureux que cela a provoqué un déclic.” Il a alors quitté l’agence de publicité qui l’employait pour rejoindre la petite communauté.
Cette fois, il est de l’autre côté de la barrière. C’est lui qui s’apprête à accueillir les visiteurs ainsi que les artistes de l’édition 2016 du festival. “La communauté d’artistes locaux est importante à Shodoshima. Nous sommes tous très solidaires et beaucoup profitent de l’exposition de la Triennale pour présenter leurs projets à une audience parfois internationale. C’est très motivant.”