Chaque année, quelque 40 000 personnes viennent assister à une fête pas comme les autres dans un cadre fantastique.
Sous le pont de bois, des bateaux à fond plat transportant des passagers sillonnent la rivière comme ils le faisaient il y a plusieurs siècles avant que la population soit autorisée à emprunter le pont. A l’image des gondoles de Venise avec leur toit qui protège du soleil, la longue embarcation glisse doucement sur l’eau tandis que son pilote la manœuvre tranquillement. Cette lenteur et ce cadre intemporel nous feraient oublier que ces eaux tranquilles peuvent à tout moment se transformer en un torrent destructeur.
Il ne s’agit pas d’un pont ordinaire. Vous êtes devant le pont Kintai qui enjambe la rivière Nishiki à Iwakuni, dans la préfecture de Yamaguchi. L’un des trois grands ponts du Japon. Les gens du cru sont tellement fiers de leur pont qu’ils le célèbrent tous les ans le 29 avril. Le Kintai bashi matsuri attire quelque 40 000 personnes chaque année.
Qu’est-ce qui vaut à ce pont d’être si bien considéré ? Il y a d’abord sa beauté. Par ailleurs, avec ses cinq élégantes arches construites initialement sans aucun clou et soutenues par trois piliers en pierre, il est le fruit d’une prouesse technique. Mais pour connaître toute son histoire, il faut remonter 4 siècles en arrière, en 1600 quand Kikkawa Hiroie, premier seigneur d’Iwakuni, a été défait lors de la bataille de Sekigahara.
Banni de son château d’Izumo, Kikkawa s’est installé à Iwakuni dans la perspective d’y implanter un nouveau château. Il a choisi le mont Shiroyama au bord de la rivière Nishiki, estimant que celle-ci constituerait une excellente défense naturelle. Il donna ordre aux samouraïs de haut rang de bâtir leurs résidences du côté de la rivière où se trouvait le château tandis que les samouraïs de basse extraction et les marchands devaient s’installer en face. C’est ainsi que la ville d’Iwakuni est devenue une ville coupée en deux par la rivière.