L’année 2016 aura été un renouveau pour le sumo après une décennie de diète de champions japonais. La malédiction semble enfin levée avec deux vainqueurs nippons mais cette année finira-t-elle aussi bien qu’elle a commencé ?
Texte : Yohann Valdenaire
Illustrations : POSTICS
Ce qui s’est passé en septembre
Une occasion en or
Le tournoi de septembre a été riche en surprises et en rebondissements. Le public nourrissait de grands espoirs en Kisenosato, un ôzeki Japonais promis à une promotion au rang suprême de yokozuna à la condition sine qua non de s’emparer du titre. Les fans ont retenu leur souffle à chacun de ses combats mais Kisenosato a échoué suscitant son lot de déçus. Pourtant, l’absence de son plus grand rival, le yokozuna Hakuho, augmentait considérablement ses chances d’y parvenir.
La revanche des outsiders
C’est le maegashira Okinoumi qui a créé la surprise en battant les deux yokozuna présents et trois des quatre ôzeki. Malheureusement pour lui, la seconde semaine n’a été qu’une succession de défaites. En revanche, l’ôzeki kadoban Goeido, en plus d’éviter une rétrogradation, a enchaîné les victoires et s’est emparé pour la première fois du titre. En novembre, Goeido pourrait devenir yokozuna à l’unique condition de renouveler l’exploit. Le dernier Japonais promu remonte à 1998.
Banzuke
Les lutteurs sont répartis dans un classement très codifié appelé banzuke. Avant chaque tournoi, et en fonction de leurs précédents résultats, un nouvel organigramme est établi. Le principe est simple : si sur la totalité du tournoi un lutteur parvient à obtenir une majorité de victoires il devient kachi koshi et monte en grade, dans le cas contraire il est rétrogradé. Le système comptabilise les absences comme des défaites donc gare à ceux qui sont déclarés forfaits !
La hiérarchie pyramidale peut se diviser en deux catégories distinctes : les titulaires (sekitori) qui sont rémunérés et les aspirants. Sur les 640 lutteurs actuels, seuls 70 sont titulaires. Le nombre de sekitori est fixe et les salaires mensuels démarrent à 9 000 euros.
Yokozuna
Situé au sommet de la pyramide, le titre de yokozuna est donné à vie. Pour atteindre ce niveau suprême, il faut déjà être ôzeki et remporter deux tournois consécutifs. Contrairement aux autres rangs, le yokozuna ne peut être décléassé même en cas de défaite. Cependant, si les mauvais résultats s’accumulent il doit dmissionner pour préserver sa dignité. Actuellement les trois yokozuna sont exclusivement Mongols.
Ôzeki
L’ôzeki est juste en dessous du yokozuna. Nommé par une assemblée extraordinaire, il doit cumuler 33 victoires au cours des trois précédents tournois pour être éligible. En cas d’une majorité de défaites, il n’est pas relégué automatiquement mais devient kadoban. Pour sauver son rang, l’ôzeki doit impérativement remporter au moins 8 combats au tournoi suivant.
Sekiwake et Komusubi
Plus haut rang qu’un lutteur peut atteindre par kachi koshi, les sekiwake sont généralement deux. Il faut obtenir au moins 10 victoires pour atteindre ce niveau mais en cas de mauvais résultats la rétrogradation est immédiate.
Le komusubi est le premier grade qu’un lutteur maegashira peut atteindre par un simple kachi koshi. Porte d’entrée vers les échelons supérieurs, les komusubi sont toujours deux au minimum.
Kyûshû basho 2016
Le Kyûshû basho est le dernier des six grands tournois annuels de sumo. Il se déroulera dans la ville de Fukuoka du 13 au 27 novembre.
Établi depuis 1957, ce championnat sera comme une bouffée d’air frais pour les habitants de la région qui ont été durement touchés par un fort séisme en avril dernier.
Quatre lutteurs à suivre en novembre
1, Hakuho / Le champion des champions
Plus grand champion de l’histoire du sumo, le yokozuna Hakuho, continue de faire tomber les records les uns après les autres. Véritable mètre étalon de ce sport, le Mongol est pourtant en perte de vitesse ces derniers temps. Après un faible résultat en juillet dernier, le champion de 31 ans s’est entièrement absenté du tournoi de septembre, une première depuis qu’il est yokozuna, pour soigner ses blessures et subir une opération au pied et au genou. Son retour très attendu par les fans sera l’occasion pour lui de faire le point.
À seulement trois combats de sa millième victoire, Hakuho est décidé à faire barrage
à ses adversaires en novembre et compte bien s’emparer d’un 38e titre.
Et même si le yokozuna est au crépuscule de sa carrière après neuf années passées au rang suprême, il fait partie de ces rares champions encore capables de nous éblouir.
2, Goeido / L’ôzeki toujours kadoban
Vainqueur-surprise au précédent tournoi, l’ôzeki Goeido revient pourtant de loin ! Alors qu’il était en situation relégable kadoban, il s’est imposé jour après jour avant de remporter sur un score parfait de 15-0 son premier championnat. Candidat au titre de yokozuna en novembre, tous les regards seront dirigés vers celui qui devra prouver que sa victoire n’était pas un hasard.
3, Kisenosato / Le Poulidor du sumo
Éternel second, toujours derrière le yokozuna Hakuho, l’ôzeki Kisenosato a toutefois eu plusieurs occasions de remporter un tournoi. Candidat au rang de yokozuna en septembre pour la quatrième fois de sa carrière, il s’est fait voler la vedette par la victoire de Goeido et ce, malgré l’absence de son grand rival. Il est désormais le seul ôzeki actuel à n’avoir jamais gagné de championnat.
4, Takayasu / La force tranquille
Takayasu a été l’un des lutteurs les plus méritants au précédent tournoi. Promu pour la première fois de sa carrière au rang de sekiwake, Takayasu a livré de beaux matchs battant même les deux yokozuna. Récompensé trois fois pour son esprit combatif, il avait déjà obtenu un prix pour sa technique en juillet lorsqu’il était komusubi. Takayasu pourrait bien être le prochain ôzeki.
Tournoi de novembre – Kyûshû Basho
du 13 au 27 novembre 2016Sélection des meilleurs moments Grand Sumo Hightlights
sur votre écran
du dim. 13 au lun. 28 novembre
17h30 / 23h30 /05h30 / 09h30
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et en vidéo à la demande (VOD) sur Internet