Dans quelques années, les routes seront occupées par des voitures intelligentes interconnectées et plus sûres.
Au cours des deux dernières années, la conduite automatisée est devenue la nouvelle frontière dans le développement des technologies automobiles dont Hitachi Automotive Systems est un des acteurs. En février, l’entreprise a commencé à tester une voiture automatisée en conditions réelles dans la préfecture d’Ibaraki, au nord de Tôkyô. Uchiyama Hiroki, chargé du développement des technologies avancées, nous a reçus pour évoquer les chantiers en cours.
Quelles sont les tendances lourdes du moment ?
Uchiyama Hiroki : Un petit tour au dernier salon de l’automobile de Tôkyô permet de voir dans quelles directions les recherches sont aujourd’hui menées. Tout d’abord, on peut dire que les voitures sans conducteur ne sont plus considérées comme une nouveauté. Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, est même allé jusqu’à déclarer que la première phase de la technologie deviendra une caractéristique commune à la plupart des voitures produites au cours des 12 prochains mois. La question principale n’est donc pas de savoir si ces voitures pourront être effectivement produites, mais combien de temps il faudra à la législation pour s’adapter. Un autre élément intéressant visible de ce salon concerne ces véhicules dont l’intérieur ressemble à une salle de séjour. Un véhicule comme la Mercedes Vision Tokyo avait un air vraiment futuriste, mais il est la conséquence logique du développement de voitures où le siège du conducteur n’est plus nécessaire! Mais le clou du spectacle, ce fut ces voitures à pile à combustible, à commencer par la FCV Clarity de Honda. Elles ont les mêmes avantages que les véhicules électriques, mais contrairement à eux, elles peuvent être ravitaillées en quelques minutes.
Hitachi travaille sur la conduite automatisée depuis plusieurs années. Comment se déroulent les essais à Ibaraki ?
U. H. : Plutôt bien. Il s’agissait de l’étape n°2 de notre plan de développement. L’étape n°1 consistait à développer et à tester des caméras stéréo pour permettre le freinage et le stationnement automatiques. Nous avons également fait beaucoup de tests de conduite sur notre piste d’essai. Cette fois, nous avons pensé qu’il était temps d’essayer notre technologie sur la voie publique. Bien qu’il s’agisse d’un tronçon de route à péage de 2,9 km avec un faible trafic, il nous a posé plusieurs nouveaux défis. La route était plus étroite que la piste d’essai et le radar a dû prendre en compte plusieurs nouvelles fonctionnalités telles que les garde-corps, les murs, etc. Dans l’ensemble, nous n’avons pas rencontré de gros problèmes et nous avons recueilli une grande quantité de données utiles.
Comment envisagez-vous notre expérience de conduite future ?
U. H. : Le mot clé ici est “connexion”. En ce moment, tout le monde parle des voitures qui peuvent aider au stationnement ou éviter les accidents grâce à l’utilisation automatique des freins. C’est dans cette direction que le marché de la voiture se dirige. Selon un rapport de 2014 de l’Allied Research Market, le marché mondial des véhicules équipés de capteurs, GPS, Internet, et de la technologie Bluetooth va passer d’environ 35 milliards de dollars aujourd’hui à 141 milliards de dollars d’ici 2020, et ce nombre devrait encore progresser. A l’avenir, les voitures seront automatiques, mais elles seront reliées les unes aux autres, aux infrastructures et à la route. Pensez aux feux de circulation. Avec l’avènement de la communication en temps réel, une ambulance sera en mesure d’interagir avec le réseau de signalisation tout en alertant les autres véhicules connectés présents dans la zone. Vous pouvez considérer cela comme un niveau beaucoup plus élevé de connectivité. Cela ouvre la voie à la voiture intelligente : une voiture capable de parler et de penser qui transformera l’expérience de conduite, qui accroîtra la sécurité et qui stimulera bien d’autres évolutions.
Quels sont les autres projets liés à l’automobile sur lesquels Hitachi est impliqué ?
U. H. : L’un de ceux qui a rencontré beaucoup de succès est le Choimobi Yokohama, le premier système de voiture en libre service au Japon, que nous avons créé en collaboration avec la ville de Yokohama et Nissan. L’expérience avait été initialement prévue pour durer un an, mais devant son succès, nous avons décidé de la maintenir. Le système vise à explorer la façon dont les véhicules électriques ultra-compacts peuvent être utilisés pour améliorer le quotidien des gens dans les villes. Hitachi a fourni la plate-forme informatique sur laquelle repose l’ensemble du système de partage des véhicules, la gestion des véhicules loués, ainsi que l’inscription des utilisateurs. Les clients peuvent se connecter au service grâce à leur téléphone.
Vos projets se limitent-ils uniquement au Japon ?
U. H. : Non, nous avons déjà commencé à collaborer avec des institutions étrangères. L’an dernier, par exemple, nous avons lancé un projet à Maui, à Hawaii, appelé JUMPSmartMaui en collaboration avec l’Organisation de développement des technologies industrielles et des nouvelles énergies (NEDO). L’objectif de l’Etat de Hawaii est de parvenir à produire d’ici 2030 40 % de son électricité à partir de sources d’énergie renouvelables. Toutefois, à Maui, les énergies renouvelables ne représentent actuellement que 21 % de la production totale d’énergie. Grâce à notre projet qui prend en compte un réseau intelligent, les énergies renouvelables et les véhicules électriques, nous cherchons à bâtir un système plus intelligent et plus efficace qui permettra de favoriser le développement des véhicules électriques.
Propos recueillis par Jean Derome