Je rêvais de vivre en France et d’y construire ma vie. Je l’ai fait, ou presque. Si mes proches me considèrent de plus en plus comme une Française, c’est notamment parce que je n’oublie plus d’ajouter “mais” après “oui” ! En revanche, il y a encore beaucoup d’occasions où l’on me rappelle que je suis “une Japonaise”. Par exemple, j’ai souvent des compliments tels que “Cette Japonaise aime le fromage, bravo !”, “Pour une Japonaise, elle boit pas mal !”. Ce n’est pas désagréable, mais cela confirme chaque fois l’existence d’un “plafond de verre”. Ici, il ne s’agit pas de celui qui entrave la carrière des femmes, mais de la barrière invisible qui se pose devant moi en tant que représentante du pays du Soleil-levant. Je n’ai pas à me plaindre, car j’ai des avantages liés à mon apparence et mon origine. D’abord, dans la rue, je n’ai jamais eu de contrôle au faciès même si certains messieurs me prennent fréquemment pour une Chinoise. La plupart des personnes me font aussi confiance dès la première rencontre, grâce à l’image honnête, gentille et douce que dégagaient les Japonaises d’un autre temps. Le plafond de verre est donc une réalité anodine, mais il s’impose aujourd’hui sur le choix de mon avenir. Passerai-je le reste de ma vie dans ce pays de rêve avec une étiquette d’étrangère ? Je n’ai pas encore de réponse à cette question que je ne me suis pas posée lorsque j’ai quitté l’archipel. Pourquoi j’y réfléchis aujourd’hui ? Parce que, certainement, depuis quelque temps, ma vie est arrivée au bout des rêves que j’avais au moment de mettre les pieds pour la première fois en France. Alors, il est peut-être temps d’avoir de nouveaux rêves pour avancer vers un nouvel avenir qui apparaîtra comme une évidence !
Et vous, quel est votre pays de rêve ? Le connaissez-vous suffisamment bien ?
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La chronique Humeur se termine avec ce numéro. Vous la retrouverez dans quelques mois en librairie sous la forme d’un recueil !
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