Le musée de l’Orangerie expose jusqu’au 21 août une partie de la collection du musée Bridgestone. Impressionnant.
L’occasion est trop rare pour ne pas en profiter. D’habitude, ce sont les musées japonais qui accueillent les collections étrangères et l’on sait que le public nippon raffole des œuvres d’art venues d’Occident et sont parfois prêts à tout pour les voir. Rappelons-nous des 1 505 239 Japonais qui s’étaient déplacés entre le 20 avril et le 10 juin 1974 pour admirer quelques secondes La Joconde au Musée national de Tôkyô. L’événement était extraordinaire, ce qui explique cette tout aussi incroyable mobilisation du public. Ce qui se passe depuis le 21 avril 2017 au musée de l’Orangerie ne prétend pas se mettre au même niveau que la présentation de Mona Lisa dans la capitale japonaise, mais il faut néanmoins souligner qu’il s’agit d’un moment rare et que les Parisiens devraient aussi s’y précipiter pour découvrir une partie de la collection Ishibashi du nom de cet industriel épris d’art.
Si son nom n’évoque pas grand-chose au commun des mortels, en revanche celui de Bridgestone, la marque de pneus qu’il a créée à partir de la traduction anglaise de son nom de famille Ishibashi, est bien plus connue dans le monde puisqu’elle s’est imposée parmi les plus grandes références du secteur. Issu de cette génération d’hommes et de femmes qui ont contribué à accélérer l’ouverture du Japon sur le monde, Ishibashi Shôjirô a toujours manifesté une profonde attirance pour l’art. Dans sa maison de style occidental qu’il a fait construire dans sa ville natale de Kurume, dans la préfecture de Fukuoka, sur l’île de Kyûshû, l’homme d’affaires souhaite la décorer avec des œuvres d’art. Dans un premier temps, il s’intéresse aux artistes japonais qui peignent selon les techniques venues d’Occident à l’instar d’Aoki Shigeru. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’exposition organisée au Musée de l’Orangerie s’ouvre avec Un présent de la mer que ce dernier peintre a exécuté en 1904. Shimbata Yasuhide, conservateur en chef du Musée Bridgestone, qui chapeaute l’événement du côté nippon, se félicite de pouvoir montrer quelques toiles de ces peintres modernes japonais que l’on voit si rarement en dehors de l’archipel. “Je crois qu’il est important que le Japon puisse mettre en valeur ces artistes. Aussi cette exposition à Paris est un moment clé qu’il faut considérer comme tel. Il sera intéressant de nous pencher sur la façon dont les Français auront appréhendé les toiles de ces artistes”, confie-t-il.