Vous lisez aussi des livres étrangers traduits en japonais ?
K. H. : Oui, j’adore et dans ma jeunesse, je lisais plutôt de la littérature étrangère.
Dans votre enfance vous avez vécu aux Etats-Unis. En avez-vous des souvenirs ?
K. H. : Oui, beaucoup. Par contre, je ne me souviens plus bien de ce qui s’est passé après mon retour au Japon. (rires) C’est peut-être parce que c’étaient des expériences uniques. Environ trois années allant de l’école maternelle jusqu’à ma première année d’école primaire.
Y a-t-il des influences de cette vie américaine dans votre œuvre ?
K. H. : Oui certainement. Cela ne se limite pas à ma vie américaine, mais à toute ma vie. Actuellement, j’écris une série de nouvelles dans le magazine « Monkey », dont le rédacteur en chef est M. SHIBATA Motoyuki. Elles sont traduites également en anglais « Konoatari no hitotachi » (Les gens des alentours) 2016. Les histoires se passent dans une ville au Japon ; elles sont forcément très japonaises mais je les ai écrites en pensant à ma vie américaine.
Pourquoi à l’université, pourquoi avez-vous choisi de faire des études de biologie ?
K. H. : Je voulais mieux connaître l’être humain. Savoir comment les êtres vivants étaient arrivés sur terre, comment la terre elle-même s’était formée ; j’ai donc choisi la façon la plus objective pour y arriver au lieu d’y parvenir à travers les romans. Finalement, ces études universitaires très pointues n’ont pas apporté de réponses à toutes ces grandes questions.
C’était quand même intéressant ?
K. H. : Je séchais très souvent les cours pour aller bouquiner en bibliothèque.
Kamisama 2011 [Dieu 2011, inédit en français] est basé sur votre recueil de nouvelles Kamisama [Dieu, inédit en français], auquel vous avez ajouté le thème des centrales nucléaires. Comment l’avez vous écrit après le séisme de mars 2011 ?
K. H. : Je l’ai écrit deux jours après l’explosion de la centrale nucléaire. Je voulais faire quelque chose coûte que coûte. Mais tout ce que j’ai pu faire, c’était juste regarder la télé, sans savoir ce qui allait se passer. A ce moment-là, les habitants de la région étaient partis naturellement ; et si cela avait continué, Tôkyô ne serait même plus habitable pour un temps, voire à jamais. Mon intention n’était pas de décrire ce qui se passait dans le Tôhoku, mais de raconter ce qui se passait en moi. Jusque-là, je n’avais jamais ressenti un vrai danger vis-à-vis des centrales nucléaires ; mais une fois que cette catastrophe s’est produite, je me suis rendu compte de l’horreur. Je cogitais alors: pourquoi avoir créé une telle abomination ? Que se passerait-il s’il arrivait quelque chose ? Comment parvenir à raconter tout cela ? Quelle serait la meilleure façon de faire part de mon ressenti ? J’ai songé alors à l’homme et à l’ours dans Kamisama si jamais ils étaient obligés de vivre dans un tel endroit après une catastrophe nucléaire ? J’ai écrit tout cela dans un très court laps de temps.