Depuis deux ans, l’onigri, le plus simple des plats japonais fait sa révolution, la mode débarque en France.
Si vous demandez aux Japonais, ce qu’est leur soul food, le plat qui incarne l’âme du peuple, ils ne vous parleront ni de sushi ni de yakitori, mais de l’onigiri ou omusubi suivant la région. C’est une simple boulette de riz salée dont l’intérieur est garni au gré des envies de chacun. Sa plus ancienne trace remonte à la période de Yayoi (400 à 300 avant J. C. – 250 à 300), mais c’est au milieu de l’ère Edo (1603-1868) que cette boule a pris la forme qui se rapproche de celle d’aujourd’hui : enrobée d’une feuille d’algue et servie comme un sandwich au moment d’un pique-nique ou lors d’un voyage. Concentré de glucide et constituant une source principale d’énergie, elle était incontournable pour nourrir les guerriers des différentes époques ; des samouraïs jusqu’aux soldats de l’armée impériale. Peu coûteux, facile à réaliser et à emporter, n’exigeant aucune vaisselle et se mangeant froid ou chaud, l’onigiri fait partie des symboles des Japonais depuis toujours. Il est tellement évident dans notre quotidien qu’il n’avait jamais fait l’actualité jusqu’à 2015. Cette année-là, onigirazu, une variété d’onigiri créée en 1991, a été remis au goût du jour sur le plus fameux des sites de cuisine et a engrangé rapidement des milliers de vues. Cela a déclenché une tendance inédite et depuis deux ans, l’onigiri ne cesse d’évoluer.
En France, ce sandwich à la japonaise s’est caché pendant longtemps derrière le sushi ayant acquis sa réputation dans les années 1970 grâce aux restaurateurs chinois. Puis, le râmen est arrivé dix ans plus tard. Enfin, ces dernières années l’onigiri a commencé à attirer les faveurs des curieux. Dès 2012, dans le 10e arrondissement de Paris, deux Japonaises, Ishizaka Noriko et Imai Megumi, ont inauguré leur petite cantine Mussubï proposant des plats de petites boulettes rondes aux goûts variés. En 2015, Nomoto Masafumi, le chef du fameux restaurant de udon Kunitoraya, a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure en installant l’Onigiri Bar à la Maison de la culture du Japon à Paris. Il y propose des boules de riz aux saveurs typiques de l’archipel avec entre autres du saumon grillé ou de la bonite. Au même moment, dans le 12e arrondissement, dès son ouverture, Karaage-ya a fait le choix de mettre à la carte des onigiri, sans algue, comme seul accompagnement de sa spécialité au poulet frit. Cette année, la célèbre marque d’onigiri, Omusubi-Gonbei, a débarqué à Paris via un point de vente éphémère en vue de préparer leur installation définitive. Plus étonnant, des adresses virtuelles voient le jour à l’image d’UtacobentoU. La jeune Utaco a décidé d’ouvrir bientôt un traiteur sans adresse physique avec pour slogan : “Liberté, égalité, onigirité”. Elle livrera sur commande des bentos composés de charmantes petites boules de riz. La mode ne se limite pas à Paris. Si le restaurant Oni à Rouen a soufflé sa première bougie en avril, à Strasbourg, c’est le jeune entrepreneur Paul Delaigue qui va bientôt fêter le premier anniversaire du French Riz, restauration rapide “oniginale” ! En Belgique, après leur investissement sur Jiro Onigiri & Soup à Woluwé Saint-Pierre, Tanguy Roberti et David D’Udekem d’Acoz ont contribué au concept d’un nouveau izakaya-bar à onigiri à Bruxelles, Kumiko, tenu par Frédéric Nicolay. L’onigiri se retrouve également à la carte de certains restaurants, d’épiceries japonaises et en snack avec des bentos.
Depuis 2002, dans l’archipel, le 18 juin est la journée de l’onigiri. C’est la date anniversaire de la découverte du plus ancien fossile de boule de riz à Ishikawa. Goûtez un onigiri ce jour-là et vivez une expérience mystique et culinaire japonaise !
Koga Ritsuko