Le terme furin qui signifie “adultère” n’est pas nouveau. Comme dans beaucoup de pays, les histoires extraconjugales des célébrités remplissent souvent le vide des magazines et des émissions people au Japon. Mais, aujourd’hui, on en abuse quelque peu. Depuis 2016, le mot est régulièrement accompagné d’un autre terme : gesu. A l’origine, gesu désigne les personnes au plus bas de l’ancienne échelle sociale. Déjà à l’ère Heian (798-1185), Dame Sei Shonagon l’utilisait dans son ouvrage Notes de chevet [éd. Gallimard] pour évoquer ses domestiques, mais ce n’est pas le cas au XXIe siècle.
L’association des mots gesu et furin, littéralement traduit “adultère sordide”, a été mise au goût du jour à l’occasion d’un scoop sur la relation cachée entre deux stars et l’infidélité du chanteur du groupe de rock Gesu no kiwami otome [Jeune fille extrêmement sordide]. Depuis, l’expression gesu furin sert non seulement à désigner la tromperie, mais à en souligner la vulgarité.
Cet été, le Japon n’a pas échappé à ce genre de scandales. L’adultère de deux députés a fortement été médiatisé. Contrairement à la France qui a vu un maire ayant trahi son épouse en sortant avec une femme mariée devenir le président de la République, au Japon, ce genre d’affaire est synonyme de fin de carrière.
Souvent, afin de calmer la situation, il faut rapidement organiser une shazai kaiken. Il s’agit d’une conférence d’excuses télévisée qui décidera de l’avenir des intéressés. Si leur comportement est jugé sincère par le public, notamment sur les réseaux sociaux, les “accusés” ont une chance de poursuivre leurs activités. Mais s’ils répondent : “Et alors ?”, autant dire qu’ils sont rayés de la carte. L’opinion publique est plus forte que la loi et la justice. Vu de France, j’ai l’impression que ce genre de mises en cause se multiplie. Il semble que la vie au Japon fasse l’objet d’une surveillance morale redoublée à tel point que je devrais m’excuser pour ma chronique « gesu » visant à critiquer cette nouvelle vertu revisitée. Pas évident.
Koga Ritsuko