A l’approche des Jeux olympiques de 2020, les sans abris sont de plus en plus exclus de la ville.
Il est 16 heures. La température, qui culminait à 35 degrés pendant la journée, commence enfin à baisser. Devant la mairie de l’arrondissement de Shibuya, au cœur de Tôkyô, où l’on entend les chants des premières cigales, une quinzaine de personnes s’affairent autour d’un grand van gris et usé. Les employés de la mairie, joliment habillés, traversent cette petite place à un pas accéléré, sans regarder ces hommes et femmes qui sortent une à une assiettes et casseroles du véhicule. Eux, ils ont entre 40 et 60 ans, les habits fatigués comme le van, leurs fronts trempés de sueur. Rien à voir avec les employés de la mairie, plus jeunes et mondains qu’eux. Eux ? Ils sont en effet membres de l’association caritative Nojiren, qui distribuent chaque samedi des repas gratuits aux sans-abris à Tôkyô. L’un des principes de l’association est que les militants et les SDF préparent le repas ensemble, chose très importante pour eux, car cela leur permet de “reprendre le rôle et l’estime qu’ils avaient dans la société”, explique l’un d’entre eux.
Parmi la vingtaine de personnes qui s’apprêtent à accueillir une centaine de SDF, se trouvent d’anciens “résidents” du parc Miyashita, situé à deux pas de la mairie. Il a été fermé par les autorités de l’arrondissement pour y construire un hôtel en vue des Jeux olympiques de 2020. Ceux qui dormaient dans le parc ont donc dû déplacer leurs tentes bleues vers cette place qui constitue donc la jonction entre deux mondes qui se côtoient, mais ne se mélangent pas.