Dans le domaine de la distribution cinématographique comme dans le celui de l’édition, il y a ceux qui choisissent la sécurité en misant sur des cinéastes reconnus et ceux qui prennent des risques pour l’amour du 7e art. Survivance appartient à cette seconde catégorie. Après Sayonara de Fukada Kôji, il récidive avec Bangkok Nites de Tomita Katsuya qui s’était fait remarquer en 2011 grâce à Saudade, une plongée dans le Japon des victimes de la mondialisation rythmée par la puissance du rap local. Ce nouvel opus ne se déroule pas dans l’archipel comme le laisse deviner le titre. Le jeune cinéaste a planté sa caméra rue Thaniya, haut lieu de la prostitution dans la capitale thaïlandaise très fréquenté par les Japonais. Comme il l’avait fait dans son long métrage précédent, Tomita va au bout des choses et n’hésite pas à donner des coups de pied dans la fourmilière pour voir ce qui s’y passe. Il décrit avec force un univers qui, derrière les couleurs vives des néons, s’avère être une prison pour ses occupantes. Grâce à son sens esthétique très développé, le réalisateur parvient à capter l’attention du spectateur et à l’entraîner sur des chemins loin de Bangkok où Luck, la reine de la nuit, et Ozawa, un ancien amant, tentent d’échapper à cette réalité en fuyant aux confins du pays. Il fallait donc un distributeur éclairé pour donner une chance à ce film puissant. Survivance nous le prouve une nouvelle fois.
Bangkok Nites, de Tomita Katsuya. Avec Subenja Pongkorn Sunun Phuwiset, Itô Hitoshi, 3h03. En salles le 15 novembre.