Commençons par la place située face à la sortie Est de la gare. On y trouve ce qui est sans doute l’une des plus anciennes reliques de Shinjuku. Aujourd’hui, elle s’appelle Minna no izumi [La source pour tous], mais lorsque Londres l’avait offert à Tôkyô, au début du XXe siècle, on l’avait alors baptisé Basuisô [réservoir d’eau pour chevaux] car elle servait aux hommes et aux animaux. Il ne subsiste aujourd’hui plus que trois de ces fontaines dans le monde. Sinon, le bâtiment rond qui se trouve juste derrière est le parking de la gare. On l’aperçoit clairement dans une des rares scènes en couleurs du film Journal d’un voleur de Shinjuku (Shinjuku dorobô nikki) réalisé en 1968 par Ôshima Nagisa.
L’une des constructions les plus remarquables du quartier se trouve juste à côté de la gare. Il s’agit du bâtiment Yasuyo qui a été achevé par l’architecte Taniguchi Yoshirô en 1969. Il doit aussi sa notoriété à Kakiden, un restaurant qui occupe trois étages et dont la décoration a été conçue par Taniguchi lui-même.
Si l’on poursuit dans la rue de Shinjuku (Shinjuku dôri), aucune histoire de l’architecture locale ne serait complète sans mentionner le bâtiment principal de la librairie Kinokuniya (1964). Coincé entre d’autres constructions de moindre importance, on peut facilement le négliger, mais pendant plus de 50 ans, il a pourtant été le cœur de la scène culturelle locale. Shinjuku disposait de nombreux cafés et clubs de jazz. L’un des plus célèbres, le Pit Inn, se trouvait juste à côté de Kinokuniya. Ouvert en 1965, cet établissement de 40 places devint rapidement le lieu de prédilection des jazzmen locaux, du saxophoniste Watanabe Sadao et du pianiste Yamashita Yôsuke au trompettiste Hino Terumasa et au chanteur Asakawa Maki. Le Pit Inn a déménagé trois fois depuis, et sa dernière réincarnation se situe dans une petite rue à l’est du quartier.