Cela n’empêche pas le PLD de remporter les élections nationales depuis 2012…
E. Y. : Le Parti démocrate a gagné le pouvoir en 2009, mais il a été incapable de répondre aux attentes des électeurs. Les victoires en série du PLD en sont sans doute une conséquence. De plus, les partis d’opposition ne sont pas parvenus depuis 2012 à se réunir autour d’une ligne politique claire. Depuis les élections d’octobre, ce n’est plus le cas. Nous avons même réussi à recueillir plus de voix que n’importe quel autre parti d’opposition depuis 2012 en dépit de la très courte période de préparation dont nous avons disposé [le PDC n’a pu présenter que 78 candidats dont 55 ont été élus].
Dans votre programme, vous avez fait de la “diversité” l’un des axes de votre politique. Qu’entendez-vous exactement par ce terme ?
E. Y. : Il s’agissait pour moi de faire passer le message selon lequel il est de plus en plus important de savoir cohabiter avec des personnes ayant des philosophies ou des convictions différentes. Les différences, il faut savoir les reconnaître et les apprécier. Si on commence à se diviser car tel ou tel groupe est d’un avis différent, la société ne tiendra pas.
Le Japon n’a pas encore légalisé le mariage homosexuel. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?
E. Y. : Nous n’avons pas encore suffisamment détaillé notre programme sur le sujet, mais nous sommes favorables à sa légalisation. Nous voulons créer un pays bienveillant. Les personnes homosexuelles devraient avoir leur place dans cette société tout autant que les autres. Idem pour les personnes handicapées et celles qui sont d’origine étrangère.
Toujours sur la diversité, il faut constater que le Japon est très en retard en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Dans le dernier classement du Forum économique mondial, le pays est classé à la 114e position sur 144…
E. Y. : Dès la création du PDC, nous avons mis sur pied un comité spécial en charge de cette question. Pour s’attaquer au problème, je propose deux approches. D’abord, il faut améliorer le statut des femmes dans les entreprises. Il faut faire en sorte que les hommes et les femmes puissent travailler normalement tout en élevant des enfants. Pour atteindre cet objectif, il faut s’attaquer en priorité au problème des infrastructures.
La deuxième approche est culturelle. Il faut que les femmes puissent garder leur nom de famille après le mariage [Au Japon, l’écrasante majorité des femmes choisissent de porter le nom de leur mari]. Il s’agit d’un sujet symbolique, mais très important pour promouvoir l’égalité entre les deux sexes.
Pourtant, au sein du comité exécutif du PDC, on ne compte que 5 femmes sur 22 membres…
E. Y. : Au Japon, très peu de femmes souhaitent briguer un mandat politique. C’est une réalité. Je considère que les femmes ayant des postes à responsabilité sont plus nombreuses chez nous alors qu’au Parlement elles sont très minoritaires [environ 10 %]. Le parti est très jeune, mais on essaie de trouver des femmes susceptibles de se présenter aux élections, tout en travaillant sur la question de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Avez-vous des objectifs chiffrés ?
E. Y. : L’idéal serait d’atteindre la parité. Mais pour l’heure, il faut dire que notre parti est très jeune, et nous sommes encore en train de travailler sur nos réseaux. Il est donc encore trop tôt pour fixer un objectif précis.