En 2011, vous étiez ministre en charge d’Okinawa. Que pensez-vous de la relocalisation de la base américaine à Henoko (voir Zoom Japon n°67, février 2017) ?
E. Y. : Les mesures du gouvernement Abe ne font qu’accroître l’opposition de la population locale. Elles ne respectent pas la souveraineté régionale et risquent même de nuire à la relation avec les Etats-Unis. Il faudrait remettre à plat le projet. Comme il s’agit aussi d’un sujet diplomatique entre Tôkyô et Washington, il faut voir ce qu’on peut faire avec les Américains à ce sujet. Nous n’avons surtout pas intérêt à répéter l’erreur de l’ancien Premier ministre Hatoyama Yukio [au pouvoir entre 2009 et 2010 pour le Parti démocrate, voir Zoom Japon n°1, juin 2010] qui avait promis de déménager la base en dehors de la préfecture sans se poser la question de la faisabilité. Par ailleurs, l’actuel gouvernement américain se montre peu flexible sur le sujet. Il faudrait essayer de trouver une alternative tout en maintenant le dialogue avec les Américains et les autorités locales.
Cela fait 7 ans qu’a eu lieu l’accident nucléaire de Fukushima. L’un des piliers de votre programme est la sortie du nucléaire. Comment envisagez-vous d’y parvenir ?
E. Y. : Pour sortir du nucléaire, il faut prendre trois mesures. D’abord, on doit trouver une solution pour régler le problème de stockage des combustibles usés qui sont censés alimenter l’usine de traitement de Rokkasho, dans le nord de l’archipel. Deuxièmement, les fournisseurs d’électricité vont probablement s’écrouler sous le fardeau des dépenses liées à la fermeture des centrales. Il faut donc trouver un moyen pour éviter cette situation. Enfin, il faut se préoccuper des régions abritant des sites nucléaires pour qui les centrales représentent des sources de revenus importants. Nous devons trouver une solution pour qu’elles puissent sortir de cette dépendance économique. Il faudra donc se lancer dans les préparatifs de ces mesures pour qu’on puisse régler ces problèmes dans les meilleurs délais dès notre accession au pouvoir.
Les prochaines élections nationales – les sénatoriales – auront lieu à l’été 2019. La clé du succès repose sur une collaboration entre les partis d’opposition. Quel est votre avis à ce sujet ?
E. Y. : Concernant les circonscriptions uninominales, qui sont nombreuses pour les élections sénatoriales [31 circonscriptions sur 47], il faut effectivement que les partis d’opposition présentent des candidats uniques pour freiner le PLD. Sinon on ne pourra jamais gagner. Il faut se souvenir qu’en 2016, l’appel lancé auprès des partis de l’opposition par l’organisation Union des citoyens [un groupe réunissant des universitaires et des militants de gauche luttant pour l’abolition de la loi de défense du gouvernement] en faveur d’un seul candidat dans les circonscriptions uninominales avait porté ses fruits. Grâce à elle, nous avions pu éviter des conflits politiques inutiles. Pour le scrutin sénatorial de 2019, nous voulons continuer sur cette voie afin de mobiliser les citoyens contre la politique suivie par l’actuel Premier ministre.
Propos recueillis par Yagishita Yûta