Au travers des différentes pièces magnifiées dans cette exposition à trois niveaux, se dessine, en effet, une partie du destin de l’archipel. L’essentiel des objets présentés datent de l’époque d’Edo (1603-1867), c’est-à-dire du moment où le pays unifié par les Tokugawa entre dans une longue période de paix intérieure au cours de laquelle les seigneurs vont être incités à entretenir leur prestige guerrier tout en jouant un rôle de plus en plus important dans la vie culturelle et artistique. L’armure et ses atours en sont sans doute parmi les plus belles illustrations. Si l’on revient sur la magnifique armure du clan Matsudaira, cela apparaît dès lors comme une évidence. Le galuchat, cuir de daim pour les laçages, laque rouge translucide sur feuille d’or qui orne le protège-nuque, les fines mailles métalliques ornées de médaillons travaillés au repoussé soulignent le sens artistique de ses concepteurs et montrent leur maîtrise parfaite de certaines techniques. La présence également de cuir doré européen d’importation montre à quel point ses objets s’inscrivent dans l’évolution historique du pays. Il faut rappeler qu’à l’époque l’archipel est officiellement fermé aux étrangers et que seuls des marchands hollandais sont autorisés à commercer, ce qui signifie que les daimyo conservent suffisamment d’influence pour obtenir certains des produits importés. Cela annonce les bouleversements du XIXe siècle quand ses seigneurs obligés d’abandonner leurs fiefs deviendront pour certains des capitaines d’industrie. En ce sens, l’exposition qui se déroule jusqu’au 13 mai vaut d’être visitée par le plus grand nombre. Tout le monde y trouvera son compte.
Gabriel Bernard
Infos pratiques
Daimyo : seigneurs de la guerre au japon
Jusqu’au 13 mai. 11,50 € (TR 8,50 €)
Musée des arts asiatiques-Guimet
6, place d’Iéna 75116 Paris – www.guimet.fr
Palais de Tokyo
13, avenue du préident Wilson 75116 Paris – www.palaisdetokyo.com