Iizuka Toshio a travaillé aux côtés du documentariste Ogawa Shinsuke, témoins d’une époque très riche.
Ogawa Shinsuke est peu connu en dehors du monde du cinéma documentaire, mais le défunt réalisateur est considéré comme une légende par ceux qui ont eu la chance de le rencontrer et de voir son travail. En 1966, il a fondé Ogawa Productions (Ogawa Pro), un collectif de documentaristes qui a couvert de nombreux mouvements politiques radicaux, mais est surtout connu pour la série de sept films consacrés au conflit de l’aéroport de Narita à Sanrizuka entre la fin des années 1960 et le début des années 1970. Il a ensuite déménagé à Magino, un petit village de la préfecture de Yamagata, où ils ont vécu et cultivé leur propre terre jusqu’au début des années 1990 tout en filmant la vie quotidienne des villageois. Nous avons eu la chance de rencontrer Iizuka Toshio, le plus ancien collaborateur d’Ogawa, qui a travaillé avec lui jusqu’à sa mort en 1992 et la dissolution de l’entreprise. Aujourd’hui âgé de 70 ans, Iizuka continue à faire des documentaires lui-même. Il termine actuellement un film sur sa ville natale de Maebashi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quand vous étiez au collège, le mouvement contre le Traité de sécurité nippo-américain battait son plein à Tôkyô et dans d’autres grandes villes. Comment ça se passait Maebashi ?
Iizuka Toshio : Au moment du premier renouvellement du traité, à la fin des années 1950, les enseignants étaient plus actifs que les élèves. Le syndicat des enseignants était très impliqué dans les manifestations. Puis vers le milieu des années 1960, des groupes de citoyens se sont réunis pour former Beheiren (Ligue des Citoyens pour la Paix au Vietnam). A Maebashi, les étudiants ont commencé à bouger en 1965, lorsque le Japon et la Corée du Sud ont normalisé leurs relations diplomatiques. Dans les deux pays, un mouvement s’est opposé au traité, et des étudiants de l’université locale de Gunma en faisaient partie. Mais par rapport aux grandes villes, la situation à Maebashi était plus calme.
Quand avez-vous rejoint le mouvement étudiant ?
I. T. : Lors de mon entrée à l’université. Au lycée, je n’étais pas particulièrement actif. Nous avions beaucoup de discussions, bien sûr, mais je n’étais pas complètement convaincu par les idées de gauche, au début. Mais après avoir terminé mes études secondaires, j’ai passé un an à Tôkyô pour préparer les examens d’entrée à l’université. C’était la deuxième phase du mouvement contre le Traité de sécurité. J’ai alors fait l’expérience pour la première fois de la puissance du mouvement de protestation. Pour moi, venant d’une petite ville de province, c’était très excitant, et j’ai décidé de poursuivre le combat à Sendai.