A l’instar d’ Iida-san, de plus en plus de Japonais ont envie de bousculer leurs habitudes, d’embrasser de nouveaux modes de vie, plus proches de leurs valeurs. Parfois, ils n’hésitent pas à retrousser leurs manches et tentent de trouver de nouveaux modèles économiques pour le futur de toutes ces maisons délaissées. En effet, depuis quelques années, des associations se multiplient dans les villes, mais aussi dans les régions les plus reculées. Dans la ville de Takeda, dans la préfecture d’Oita, sur l’île de Kyûshû, la municipalité a pris le problème à bras le corps et encourage l’arrivée de nouveaux habitants en les accueillant et en mettant à disposition des kominka, ces maisons de bois japonaises traditionnelles centenaires, rénovées après avoir été abandonnées. Après une période d’essai, les habitants peuvent décider de rester dans la ville durablement ou pas. Aujourd’hui, la ville enregistre le meilleur taux de réussite pour l’installation de résidents avec 50 maisons vacantes qui ont trouvé de nouveaux propriétaires. Autre exemple, dans la ville de Tsuruoka, dans la préfecture de Yamagata, dans le nord-ouest de l’archipel, où la création d’une ONG accompagne les projets de rénovation des propriétaires ou l’installation des nouveaux arrivants. “Cette dernière solution est à mon sens, celle qui devrait être la plus généralisée”, souligne Yoneyama Hidetaka. “C’est un exemple d’organisation qui marche très bien. Elle permet l’émergence de projets différents et épaule les propriétaires dépassés par une maison, souvent le fruit d’un héritage dont ils ne savent pas que faire et n’ont pas envie de s’en débarrasser non plus car elle conserve une valeur sentimentale.”
D’autres entrepreneurs utilisent le bâtiment pour y installer des affaires. Comme par exemple, le projet My room, dans la préfecture de Nagano, qui, depuis 2010, a permis la transformation de 80 maisons vacantes en cafés, boutiques et autres ateliers d’artistes. Ou encore ceux, qui choisissent d’en faire des auberges de jeunesse pour les voyageurs de passage comme à Onomichi, dans la préfecture de Hiroshima (voir Zoom Japon n°58, mars 2016). “Mais ce dernier exemple reste pour le moment le moins viable de tous les exemples cités précédemment”, précise Yoneyama Hidetaka. “Il tourne grâce à un investissement par des fonds récoltés via un financement participatif.” A Fuefuki, dans la préfecture de Yamanashi, Hoyo Yoshie a également fait le choix de transformer sa kominka en hôtel pour touristes. Laissée à l’abandon pendant dix ans, elle a rouvert ses portes en 2014 et rencontre un joli succès auprès des voyageurs étrangers. Le jeune homme de 29 ans, qui vit dans le coin depuis treize ans, en a ouvert une seconde en juin dernier. “Lorsqu’on pense aux vieilles maisons, dans la campagne, on se dit souvent qu’elles sont décaties, inconfortables”, explique le trentenaire dans un article du Japan Times qui lui était consacré. “J’ai apporté beaucoup de soin dans la rénovation pour que ces maisons aient du style, retrouvent de la modernité et vantent les plaisirs de la vie à la campagne où j’apprécie de vivre depuis treize ans maintenant.”