Pourquoi Iida ? En mars 2017, la ville a accueilli pour la première fois 128 étudiants de la London Business school. Elle a déroulé un programme qui a complètement conquis les participants : ils ont assisté à un spectacle de bunraku ainsi qu’à une initiation à la manipulation des marionnettes traditionnelles en question, ils ont visité l’ancienne école d’Iida qui sert aujourd’hui de lieu d’accueil pour des ateliers de travaux manuels, et enfin, activité phare du week-end, les 128 étudiants ont été invités à partager le quotidien des agriculteurs le temps d’une soirée et d’une nuit. “A Iida, nous proposons l’hébergement à la ferme depuis plus de 20 ans”, raconte Yuzawa Hidetoshi, en charge du tourisme pour la ville d’Iida. “C’est une pratique très répandue auprès des scolaires et des touristes japonais qui viennent découvrir la région de cette façon. Ce n’est que très récemment que nous l’avons ouvert à un public international.”
La ville a été récompensée par le gouvernement japonais pour ses efforts en matière de tourisme. Et le séjour des étudiants anglais a tant plu l’an dernier que le bouche-à-oreille a fait le reste du chemin et qu’une nouvelle école, l’Insead, s’est présentée pour suivre le même programme cette année. “Le reste du déplacement a été pensé autour de cette étape-clé qui nous a semblé complètement incontournable”, confirme Nakayama Narune.
“La nuit à la ferme est vraiment ce qui fait la différence”, insiste Miyashita Toshihiko, de la division tourisme de la ville. “L’ambiance y est très familiale. Certaines exploitations proposent même de faire la cuisine ensemble : c’est extrêmement convivial.” Iida compte désormais une centaine d’hébergements à la ferme que l’on peut réserver via l’office de tourisme local (Minami-Shinshû Tourist Bureau, Ltd). Selon les maisons, l’expérience diffère mais reste toujours unique et un échange humain sans égal. Les étudiants de l’Insead sont divisés en groupes de quatre pour la nuit. Ce soir, Agematsu Tae accueillera donc Gabrielle, une étudiante française basée à Abu Dhabi qui s’apprête à rejoindre Fontainebleau à l’issue de cette semaine au Japon et Magdalena et Gonzalo tous les deux originaires de Séville, actuellement basés à Singapour. Bâtie vers 1500 dans les hauteurs de la ville, la ferme où Agematsu Tae vit désormais seule, est un morceau d’histoire. L’épais mur de la porte d’entrée laisse deviner sa réputation. Si aujourd’hui, plus personne n’y cultive le riz, elle reste un témoignage indéniable d’une vie passée, la famille serrée autour de l’irori, “le coin où le feu était alimenté 24 heures sur 24”, explique-t-elle. La soixantaine très active, Agematsu Tae se faufile dans les pièces et les couloirs qu’elle connaît par cœur, multipliant les anecdotes. “Cette pièce était ma chambre quand j’étais petite. Je suis née à Iida et je ne suis pas sortie de ma ville avant mes 18 ans”, sourit-elle. Elle ferme le shoji (porte coulissante) et poursuit son chemin dans le corridor qui donne sur un ravissant jardin. Au delà de l’enceinte, on aperçoit un point de vue incroyable sur la montagne. Les trois étudiants en sont restés cois.