L’œuvre de Yoshida Kimiko est représentative des multiples échanges qui existent entre le Japon et la France.
Cette année 2018 marque le 160e anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises. Intitulé Japonismes, cet événement est l’occasion de se pencher avec un regard neuf sur un courant apparu à la fin du XIXe siècle, basé sur l’engouement de l’Occident pour tout ce qui venait du Japon. Mais le japonisme appartient-il uniquement au passé ? Et ne peut-il aller que dans un sens ? La photographe Yoshida Kimiko, née au Japon en 1963, a choisi la France comme terre d’accueil. Depuis le début des années 2000, elle fait de ses autoportraits une hybridation de références franco-japonaises. Dissimulée sous des costumes, des masques ou encore des bijoux de toute origine, elle incarne tour à tour différents personnages, dont La Mariée cerisier en fleurs réalisée en 2006. Cette photographie se veut un hommage de l’artiste à son pays natal, où la fleur de cerisier est un symbole très fort à la fois de beauté et d’éphémère. Mais c’est également un clin d’œil à l’un des éléments que les Français associent le plus au Japon. Toutefois, Yoshida Kimiko n’est pas une artiste du pastiche. Elle ne parodie pas une Japonaise posant sous un cerisier en fleurs.
En effet, ce n’est pas une coiffe traditionnelle de mariée que porte Kimiko, mais une perruque rose achetée dans un magasin de farces et attrapes. De même, le kimono est un faux. L’artiste a utilisé un morceau d’étoffe rose qu’elle a drapé autour de sa poitrine de façon à ressembler – pour un regard occidental – à un kimono. Enfin, si le maquillage opaque recouvrant son visage et ses épaules rappelle bien la technique de l’oshiroi – le maquillage blanc des geishas -, il n’a pour fonction que de fondre sa figure dans la couleur rose dominante de la photographie. Yoshida Kimiko interroge en réalité la vision souvent fantasmée, pour ne pas dire stéréotypée, que les Français ont du Japon.